Mountazar al-Zeidi, le journaliste irakien qui avait lancé sans l'atteindre en décembre dernier ses chaussures au visage de George W. Bush, va bénéficier d'une libération anticipée le 14 septembre pour bonne conduite, a annoncé samedi son avocat.

Le journaliste avait été condamné le 12 mars à Bagdad à trois ans de prison pour agression contre un dirigeant étranger, peine ramenée par la suite à un an d'emprisonnement en raison de son absence d'antécédents judiciaires. Moutazar al-Zeidi, dont le geste est devenu un moyen de protestation populaire dans le monde entier, va être remis en liberté avec trois mois d'avance. «Nous avons été officiellement informés de la décision du tribunal», a déclaré à l'Associated Press l'avocat du journaliste, Karim al-Shujairi. «Sa libération sera une victoire pour la presse irakienne libre et honorable», a-t-il ajouté.

Le 14 décembre 2008, lors d'une conférence de presse conjointe à Bagdad du premier ministre irakien Nouri al-Maliki et de George W. Bush, alors président des États-Unis, Mountazar al-Zeidi avait eu le temps de lancer ses deux chaussures, l'une après l'autre vers le chef de la Maison-Blanche, avant d'être violemment plaqué au sol par les services de sécurité.

«Voilà ton baiser d'adieu, espèce de chien!», avait crié en arabe le journaliste à l'adresse du président américain qui avait dû esquiver les souliers. «C'est pour les veuves, les orphelins et ceux qui ont été tués en Irak».

Al-Zeidi, en détention depuis lors, encourait une peine maximale de 15 ans de prison pour son geste qui lui a valu de devenir un héros en Irak et dans le monde arabe. Mais selon ses avocats, le président du tribunal a fait preuve de clémence en raison de l'âge du journaliste, 30 ans, et de son casier judiciaire jusque-là vierge.

La défense a fait valoir que ce lancer de chaussures constituait un moyen légitime de protestation politique et ne méritait pas une peine si lourde.