Depuis le 22 août, plus de 1,5 milliard de Musulmans dans le monde soulignent le mois du ramadan, mois de jeûne certes, mais aussi de célébrations et de solidarité. Êtes-vous du compte? Cyberpresse veut savoir comment comment vous vivez cet événement, au Québec ou ailleurs dans le monde. Voici quelques unes de vos réponses:

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Le ramadan est supposé être un mois d'abstinence, où l'on doit ressentir la faim et les privations quotidiennes des plus démunis. Certains le vivent ainsi, d'autres cèdent à la gourmandise dès l'heure du « ftour «, c'est à dire de la rupture du jeûne : pâtisseries, jus, tajines, fritures de poisson, soupe traditionnelle (harira) et autres gâteries remplissent alors les tables et les panses. 

Ceux qui travaillent tôt soupent vers 23 heures et ne se lèvent à l'aube que pour boire un peu d'eau. Cette année les journées sont longues (de 4h30 à 19h50 ) et la chaleur étouffante. On souffre davantage. D'habitude, on s'invitait à tour de rôle avec des amis pour festoyer, mais ils sont tous rentrés définitivement au Maroc, emportant dans leurs valises leurs rêves et leurs déceptions. Ce ramadan est plus morose. Le jeûne, c'est aussi l'occasion d'arrêter de fumer, mais surtout de consommer de l'alcool. Oui, je sais, nous sommes supposés ne jamais en boire, selon des clichés bien établis. Démystifions, les bars de côte-des-neiges sont pleins de « musulmans « à longueur d'année sauf durant ce mois, car même les non-pratiquants «respectent» le ramadan, plus par habitude que par dévotion. Ceux qui désirent vivre pleinement leur spiritualité prennent en général leurs vacances en cette période, afin de passer la journée à prier dans les mosquées et à flâner dans les marchés. Les vendeurs de dattes font de bonnes affaires, puisque ce fruit, apprécié pour ses qualités nutritionnelles, était aussi le préféré du prophète Mahomet.

Le ramadan, à Montréal ou ailleurs, est sensé nous rendre plus solidaires, plus festifs, plus généreux. Heureusement, mes voisins du Saguenay, de la Grèce ou d'ailleurs sont là pour partager mes grillades et mes cornes de gazelle.

Hamid.

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Je suis de Montréal, originaire du Maroc, et c'est mon 9e ramadan au Québec. En général Ça se passe bien, la famille et la spiritualité me manquent, Le Ftour (Rupture du jeune) en famille autour d'une même table, voir les amis le soir , les spectacles, les foules qui marchent pour digérer les gâteries (pas toujours santé). Enfin beaucoup de détails qu'on ne trouve pas nécessairement ici et c'est normal.

Le Ramadan n'est pas seulement une abstinence de manger et de boire, c'est l'occasion d'apprendre à apprécier ce qu'on a, c'est une bonne leçon d'humilité, de patience et de partage avec les autres dans le besoin.

Tous les musulmans, qui ont les moyens, sont obligés de donner la Zakat à la fin du ramadan, c'est une aide en argent ou en nature aux gens dans le besoin. C'est une occasion aussi de visiter plus souvent les parents, la famille et les amis.

Personnellement, pour la Zakat, mes frères et moi donnons chacun une petite somme à un orphelinat à Rabat, où ils préparent chaque fin de ramadan une fête pour les jeunes enfants avec des cadeaux et des gâteaux, et d'après ce qu'on me dit, ils sont très contents et ils ont toujours hâte à ce jour. Ça me fait chaud au coeur.

Younès

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Québécoise catholique d'origine, je suis musulmane depuis 1977. Le jeûne prescrit dans les trois grandes religions (judaïsme, christianisme et islam) est une occasion laisser la partie spirituelle de notre être prendre plus de place qu'à l'habitude.

En délaissant temporairement les besoins physiques (nourriture, sexe), nous pouvons nous concentrer sur les besoins spirituels (méditation, réflexion, connexion avec le monde invisible). À première vue, cette prescription semble pénible, mais si le jeûne n'était pas obligatoire un mois par année, nous n'aurions pas nécessairement la volonté de le faire. Pourtant, en le faisant on en ressent un grand bienfait pour notre être dans son ensemble. C'est un cadeau que Dieu nous fait en le rendant obligatoire.

Ce mois se veut donc un temps de rapprochement avec le Créateur et un temps de partage avec nos frères. Lorsque le temps me le permet, je cuisine un plat que j'apporte à la mosquée locale où chaque soir, on sert un repas communautaire auquel participent des gens qui normalement briseraient le jeûne (le repas du soir) seuls chez eux. Je me lève une heure avant le lever du soleil pour prendre un petit-déjeuner. Je fais ma journée au bureau. Après le repas du soir (au coucher du soleil) je me rends à la mosquée du quartier pour les prières supplémentaires du ramadan.

La notion de célébration a été introduite par des personnes qui n'ont peut-être pas bien saisi le sens du jeûne. En effet, vous verrez, pendant le ramadan des musulmans vivre la nuit plutôt que le jour pour sentir la faim le moins possible. Certains voient le repas du soir comme l'occasion de s'empiffrer, de plus, ils grignotent toute la soirée de peur d'avoir faim le lendemain. Je ne vois pas comment ces personnes pourraient retirer des bénéfices du jeûne. Tout ce qu'elles récoltent c'est la faim et la soif pendant la journée.

Suzanne Touchette

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Je ne suis pas musulmane, mais catholique, alors je n'ai pas à faire le jeûne.

Un collègue et ami m'a cependant expliqué de quoi il s'agit et l'esprit de partage et de solidarité qui est à la base de ce mois important de sa religion. Sacrifier un ou deux repas, c'est bien peu selon moi pour ressentir ce avec quoi les moins bien nantis ont à composer jour après jour. Je recommande à tous d'essayer pour un jour si leur santé le permet. Ça fait réfléchir.

Stephanie Roy

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Je souligne le mois de Ramadan. Les règles à suivre pour faire un bon ramadan, viable du point de vue religieux sont simples. La plus concrète est celle de ne pas manger depuis le l'aube jusqu'au coucher du soleil.

En fait l'objectif est de s'approcher plus de Allah mais aussi de réfléchir un peu sur soi même et sa relation avec les autres. Le plus important est de rendre visite aux autres proches pour s'enquérir de leur situation, échanger et aider. Il est conseillé aussi de lire le coran. Cela ne veut pas dire que l'on ne doit pas travailler et s'acquitter de ses obligations de tous les jours. Le soir après la rupture du jeune.

Pour la rupture du jeune, je varie mon souper: soit la méthode traditionnelle du Maroc (soupe consistante qui s'appelle HARIRA, gâteaux très sucrés, lait, dattes, thé à la menthe ou café, Msemmen sorte de crèpes avec beurre et miel), soit en prenant un dîner régulier accompagné d'un jus de fruit puis en grignotant gâteaux et autres, après le dîner.

Il est préférable de prendre ce repas en famille ou entre amis. C'est pourquoi chaque musulman qui en a les moyens regarde un peu autour de lui pour inviter d'autres personnes ou fait des dons à la mosquée pour que les autres puissent vivre ce moment de rupture en groupe. Il est aussi conseillé de pendre une sorte de petit déjeuner de bonne heure, vers 4h00 (SHOUR) pour se maintenir en forme pendant la journée. Vers 4h40, on fait la prière d'EL FAJR et on commence le jeune pour la journée. On ne fait pas le ramadan avant l'âge de la puberté, quand on est malade, en voyage ou pour une femme enceinte. En général quand il y'a un risque pour la santé on peut manger.

La fin du mois de ramadan est célébrée par la fête du Fitr. Le mois de Ramadan est calculé avec le calendrier lunaire, c'est pourquoi chaque année il y'a un décalage d'à peu près 13 jours de moins par rapport au mois solaire (mois d'out cette année).

Avant la fête du Fitr, les musulmans célèbrent aussi la nuit à la veille du 27 jour et se rendent en masse dans les mosquées.

Tamani Chouikrat

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Le Ramadan, ce mois sacré et unique, est une période d'intenses activités spirituelles et humanitaires.Durant ce mois, il est prescrit à tous les musulmans aptes à le faire de s'abstenir de boire, et manger de l'aube au crépuscule. Mais l'interdiction va plus loin car le musulman doit aussi se résigner à mettre en veilleuse son appétit pour le plaisir de la chair durant le jour. Une fois le crépuscule amorcé, le fidèle est libre de ses activités vespérales et nocturnes. Activités licites, on s'entend!

Pour beaucoup, l'exercice semble futile au mieux et masochiste au pire. Certains avanceraient même: «une autre lubie de bigots». Toutefois, pour ceux qui veulent le savoir, l'objectif est double:

-Amener le fidèle à contrôler ses besoins et ses appétences afin qu'il soit maître de son corps et non esclave de ses désirs. Dans une société de consommation comme la nôtre, cet objectif mérite réflexion. Il s'agit d'un exercice collectif et unificateur, où toutes les personnes sont amenées à prendre conscience de ce qu'elles consomment et saisir le fait que rien n'est acquis en ce monde.

-Amener le fidèle à mieux comprendre le sort des moins nantis. Nous ne parlons pas ici du carême où chacun est libre de se priver d'un caprice en particulier du genre «je ne mangerais pas de chocolat pendant quarante jours». Il s'agit bien d'un exercice annuel ou tout le monde doit, de par la privation, éveiller sa conscience et mieux comprendre le sort des centaines de millions de gens dans le monde pour lesquels le pain quotidien n'est pas une certitude.

Il ne s'agit là que d'un très bref résumé de l'objectif du ramadan.

Cette période est l'occasion de raviver la flamme de la foi et de raffermir sa croyance. Durant ce mois sacré, ma participation à la prière du vendredi est plus régulière. Je me présente aussi aux autres prières en mosquée et me consacre avec plus de dévotion à la lecture du Coran. Toutefois, Ramadan n'est pas uniquement le mois des prières. Les actes d'adoration sont multiples et présents dans tous les aspects de la vie sans pour autant qu'ils aient un caractère contraignant. Le ramadan, c'est aussi l'occasion de d'inviter amis et parenté et de présenter une table généreuse remplie de victuailles, pâtisseries et mets spécialement apprêtés pour l'occasion. C'est aussi l'occasion de partager avec ceux qui sont dans le besoin afin que la joie soit présente dans tous les foyers.

Heureusement, même au Québec, où les Musulmans représentent une très petite minorité, l'excellent réseau de mosquées et centres communautaires permet l'acheminement des denrées partagées. J'insiste sur fait que j'use du mot «partagées» plutôt que «données». Les Musulmans partagent car les liens qui les unissent sont forts. Ce sentiment d'appartenance communautaire est encore plus vif et plus marqué durant le mois de Ramadan.

Pour conclure, il est intéressant de noter que, de par le monde, les Musulmans mettent fin au jeune quotidien en consommant des dattes, ce fruit très sucré; ce fruit est même devenu le symbole de ce mois. Son association étroite au mois de Ramadan traduit parfaitement l'impression que laisse le Ramadan dans le coeur des Musulmans.

Mohamed Benabderahim

Montréal, Québec