Une majorité des lycéennes dans la bande de Gaza, territoire traditionnellement conservateur, portaient déjà le foulard à l'école, mais la décision du Hamas de rendre obligatoire ce couvre-chef et de l'assortir d'une robe ample, provoque la controverse.

Pour la rentrée scolaire, dimanche, la tenue en vigueur jusqu'à présent -une chemise bleue sur une jupe longue de même couleur- a laissé place au «jilbab» (une longue robe ample). Facultatif, bien que porté par la plupart des lycéennes, le foulard qui cache les cheveux devient désormais obligatoire. «Nous invitons toutes les étudiantes à respecter la tenue ample», déclare à l'AFP un haut responsable au ministère de l'Education, Mahmoud Abou Hassira, en expliquant les nouvelles directives sur «la tenue islamique».

Parallèlement, la Direction de l'enseignement au sein du gouvernement du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle Gaza depuis juin 2007, a décidé de féminiser entièrement le personnel enseignant dans les écoles publiques de filles dans un souci d'empêcher la mixité selon une interprétation stricte de l'islam.

«Notre société est musulmane et l'islam nous impose la séparation entre les sexes dès l'âge de sept ans. Nous avons suivi ce principe pour remplacer les enseignants par des enseignantes», souligne M. Hassira.

Mais la nouvelle tenue suscite des grincements des dents chez nombre d'écolières.

«Le gouvernement du Hamas ne peut appliquer la charia (loi islamique) à Gaza en nous forçant à porter cette tenue islamique. La coercition est incompatible avec la mentalité des filles, surtout à cet âge, et le Hamas ne pourra rien imposer par la force», rouspète Souha, élève en seconde à l'école «Ahmad Shawqi», dans le quartier d'Al-Rimal à Gaza-ville.

Sa camarade Nour Ilwan, une des rares lycéennes qui ne se couvrent pas les cheveux, laisse éclater sa colère: «On peut tout accepter sauf le jilbab qui escamote notre enfance et nous fait apparaître comme des vieilles» !

Bien qu'elle soit déjà voilée et s'habille de robes larges, Souad Abou Radi, 16 ans, estime que les nouvelles directives des autorités du Hamas «sont une atteinte à notre liberté personnelle». Elle dit «songer à quitter l'école».

Samar, une élève de 17 ans appartenant à la minuscule minorité chrétienne, se dit prête à s'accommoder de la décision d'imposer la tenue islamique mais critique la mutation des enseignants masculins.

«Cette décision est injuste car les enseignants hommes chez nous sont plus compétents que les femmes. J'espère que le ministère va faire marche arrière», dit-elle.

La responsable d'une école de l'ouest de Gaza-ville a affirmé à l'AFP que «toute élève qui ne respecte par la nouvelle tenue sera renvoyée chez elle».

La semaine dernière, la direction des établissements scolaires a informé par voie d'affichage les lycéennes de l'adoption de la nouvelle tenue: «Un jilbab bleu foncé, un foulard blanc et des chaussures noires ou blanches».

Sans confirmer directement la décision d'imposer ce nouveau code vestimentaire, le porte-parole du gouvernement du Hamas, Taher Al-Nounou, explique que les autorités ont décidé de renoncer à l'ancien uniforme «afin d'alléger la charge financière des parents à cause du blocus (israélien) et de la situation économique asphyxiante».

Si la nouvelle tenue a reçu un accueil mitigé chez les parents, selon les us et coutumes de chaque famille, la décision d'interdire les enseignants masculins a, elle, carrément déclenché une large désapprobation.

Un parent, préférant se présenter sous son sobriquet d'Abou Mahmoud, dit avoir décidé de transférer ses deux filles dans une école privée.

«C'est un crime contre nos filles et contre l'enseignement. Cette séparation est une sorte de discrimination raciale et elle met en doute l'intégrité des enseignants à qui nous avions confié nos filles», déplore-t-il.