Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a prédit samedi davantage de violences en raison de la défaillance des services de sécurité, qu'il a accusés d'avoir collaboré avec les insurgés dans les attentats dévastateurs de mercredi, qui ont fait 95 morts.

«Une enquête réelle doit être menée et les choses doivent être appelées par leur nom. (Il y en a) assez des déclarations trop optimistes et d'une sécurité factice», a lancé M. Zebari au cours d'une conférence de presse organisée à son ministère sévèrement endommagé par une des attaques. «Nous devons dire la vérité. La sécurité s'est réellement détériorée ces deux derniers mois et se détériorera plus encore», a ajouté le ministre, prenant le contre-pied des déclarations optimistes du premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

Ce dernier s'était félicité de l'amélioration des conditions de sécurité avant et après le retrait des troupes américaines des villes irakiennes le 30 juin et affirmait que l'armée et la police pouvaient assurer seules la sécurité du pays.

Il avait d'ailleurs ordonné la suppression de nombreux postes de contrôle à Bagdad et la suppression des murs anti-attentats en béton, mais après ces attaques il a dû reconnaître qu'une «réévaluation» des mesures de sécurité était nécessaire.

Les insurgés qui ont dernièrement commis des attentats dans le nord de l'Irak à dominante kurde, «se concentrent désormais sur Bagdad et ceci est une évolution sérieuse et dangereuse et un revers sécuritaire», a averti M. Zebari.

Le ministre, lui-même un Kurde, est allé jusqu'à accuser des membres des services de sécurité de collusion avec les insurgés, tandis que les commandants irakiens n'ont fait aucun mea culpa malgré les doutes émis sur l'efficacité du système de renseignements, incapable d'arrêter ces attaques.

En dépit de l'interdiction de circulation des poids-lourds à Bagdad, deux camions suicide remplis chacun de deux tonnes d'explosifs ont réussi à se rendre près des ministères des Affaires étrangères et des Finances mercredi, au coeur de Bagdad pour y exploser.

«Il y a eu une collaboration claire entre les terroristes et les services de sécurité pour faciliter la passage de ces camions vers ces zones sensibles», a dit M. Zebari.

Au total, 95 personnes ont été tuées et plus de 600 blessées dans ces attaques qui ont provoqué de très importants dégâts matériels.

«Les personnes responsables ou incompétentes, qui pourraient avoir collaboré ou facilité (la mission des assaillants) pour que les camions atteignent leur cible, doivent être tenues pour responsables», a insisté M. Zebari.

«Le gouvernement est soumis à une forte pression (...) de l'opinion publique. Il devrait fournir des réponses claires et honnêtes», a encore souligné le ministre.

Qualifiant les attentats de «défi national» et d'«attaques contre les symboles de la souveraineté irakienne (...) destinées à paralyser l'État», M. Zebari a par ailleurs appelé à une réforme des organes de sécurité s'il s'avérait que ses hauts échelons étaient infiltrés par l'insurrection.

Cibles de nombreuses critiques, les autorités irakiennes ont annoncé l'arrestation de onze officiers chargés de la sécurité dans les deux quartiers visés par les attentats de mercredi. Vendredi, l'armée a assuré avoir démantelé un réseau composé d'anciens baassistes du régime de Saddam Hussein.

Mais, a insisté M. Zebari, face à une guérilla «vous devez traquer (les insurgés), semer la confusion et infiltrer leur réseau, avoir des renseignements. C'est la clé». «Le gouvernement a-t-il fourni assez de moyens? Non, il ne l'a pas fait», a-t-il conclu.