Un tiers des Afghans est menacé par la disette, a averti l'ONG internationale Oxfam mercredi, appelant à une réforme de l'aide au développement dans le pays à la veille des élections présidentielle et provinciales.

«Le versement de milliards (de dollars) d'aide à l'Afghanistan, a été cruellement inefficace pour s'attaquer à l'héritage de trois décennies de conflit et de chaos», souligne l'organisation dans un communiqué.

La pauvreté en Afghanistan reste l'une des pires au monde, avec 40% des Afghans vivant sous le seuil de pauvreté. Tandis qu'une femme afghane meurt toutes les 30 minutes en raison d'une grossesse ou d'un accouchement, relève l'organisation humanitaire.

«Après huit années de présence occidentale en Afghanistan, de nombreuses régions font face à de graves pénuries de nourriture avec près de 7,3 millions de personnes menacées de disette», avertit Oxfam.

Si les États-Unis ont versé quelque 100 millions de dollars par jour pour la sécurité, le budget total des pays donneurs pour le développement et l'aide humanitaire ne se monte qu'à 7 millions de dollars par jour, relève Oxfam.

L'organisation insiste pour que l'aide versée soit dépensée à bon escient. «L'élection d'un nouveau gouvernement à Kaboul doit être accompagnée par d'importantes réformes de gouvernance» et en vue d'accroître l'«efficacité de l'aide», plaide Oxfam. «Jusqu'ici, l'essentiel de l'argent octroyé par les gouvernements étrangers a été inefficace (...) et gâché», déplore l'organisation, qui regrette le manque de coordination dans ce domaine.

«La communauté internationale a promis beaucoup aux Afghans mais une grande partie de l'aide humanitaire et à la reconstruction ne s'est pas matérialisée», selon Grace Ommer, responsable de l'Afghanistan pour Oxfam Grande-Bretagne.

Les donneurs ont souvent fait des effets d'annonce, «promettant deux fois la même somme et ont été lents à verser effectivement l'aide, une situation aggravée par l'inefficacité, le manque de contrôles et la corruption», poursuit-elle.

De plus, «l'aide qui parvient effectivement en Afghanistan n'atteint souvent pas les personnes qu'elle doit aider, et est souvent dépensée pour des projets qui correspondent aux priorités des donneurs plutôt qu'aux besoins des Afghans», observe Grace Ommer.