Au moins sept civils afghans ont été tués et 91 personnes blessées samedi dans un attentat suicide à la voiture piégée devant l'entrée du QG de la force de l'OTAN en plein centre de Kaboul, une nouvelle démonstration de force des talibans à cinq jours de l'élection présidentielle.

L'attaque, survenue dans une des zones les plus sécurisées du pays, a été rapidement revendiquée par les insurgés islamistes, qui ont affirmé avoir visé l'ambassade des États-Unis toute proche.

Les talibans ont juré de perturber les scrutins présidentiel et provinciaux de jeudi, les considérant comme «une imposture orchestrée par les Américains».

Vers 08h30, un kamikaze a fait sauter sa voiture bourrée d'explosifs devant l'entrée principale du quartier général de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN, en plein centre de la zone ultrasécurisée où sont établis nombre d'ambassades occidentales et le principal camp militaire américain de la capitale.

Selon un dernier bilan du ministère afghan de la Défense, sept civils ont été tués et 91 personnes blessées, la plupart légèrement, dont quatre soldats afghans et une parlementaire, Hawa Alam Nuristani.

D'après un porte-parole de l'ISAF, cinq soldats de la force ont été blessés, parmi lesquels un soldat canadien. Leur vie n'étant pas en danger.

Un employé afghan de l'ambassade canadienne repose dans un état critique après avoir été blessé sérieusement durant l'attaque.

Un porte-parole habituel des talibans, Zabihullah Mujahid, a revendiqué l'attentat au téléphone auprès de l'AFP.

L'attaque a détruit une grande barrière de béton qui protégeait l'entrée de la base militaire où sont stationnés des centaines de soldats étrangers, endommageant des véhicules et faisant voler en éclat les vitres des habitations du quartier, a constaté un journaliste de l'AFP.

Elle a eu lieu non loin du palais du président afghan Hamid Karzaï.

Condamnations

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné «dans les termes les plus forts» l'attentat suicide. M. Ban est «profondément inquiet de cette violence aveugle à quelques jours des élections présidentielle et provinciales prévues pour le 20 août», indique un communiqué émanant du bureau du secrétaire général de l'ONU. L'un des blessés est un employé des Nations unies a précisé M. Ban, qui a qualifié l'attentat de «geste méprisable».

De son côté, Ottawa a qualifié l'attaque de «geste lâche et méprisable». «Nous encourageons tous les Afghans à ne pas se laisser dissuader de choisir l'avenir de leur pays en participant aux prochaines élections présidentielles», a affirmé dans un communiqué le ministre des Affaires étrangère, Lawrence Cannon.

L'attaque est un nouveau camouflet pour son gouvernement et ses alliés occidentaux dont les troupes ont chassé les talibans du pouvoir fin 2001 et tentent, depuis, d'endiguer leur insurrection qui a gagné du terrain depuis deux ans.

Les pays occidentaux, qui ont déployé dans le pays quelque 100 000 soldats, aux deux tiers américains, ont promis de tout faire pour que les Afghans puissent voter jeudi en toute sécurité.

D'autres violences

Mais dans le reste du pays, au moins quatre civils et 43 talibans ont péri dans des violences, selon les autorités afghanes.

Le véhicule des civils a sauté à l'aube sur une mine commandée à distance, à quelques kilomètres au nord de Kaboul, tandis qu'une trentaine de rebelles ont été tués la nuit dernière lors d'une opération des forces spéciales afghanes et américaines dans la province de l'Oruzgan (Centre), ajoute-t-on de même source.

Les talibans ont dit qu'ils ne s'en prendraient pas directement aux bureaux de vote, appelant les Afghans à boycotter le scrutin et rejoindre leurs rangs.

«Avec de telles attaques, les ennemis de l'Afghanistan tentent de créer un sentiment de frayeur à l'approche des élections. (...) Mais ils doivent savoir que les Afghans (...) n'auront pas peur de leurs menaces et se rendront aux urnes», a estimé M. Karzaï dans un communiqué.

Le président sortant, favori de la présidentielle, a annulé dans la journée un meeting de campagne prévu dans la province du Helmand (sud), par crainte d'une attaque, selon les organisateurs.

L'intensification récente des violences des insurgés fait craindre un taux d'abstention élevé et donc un scrutin peu crédible.

Les autorités électorales ont déjà prévenu qu'en raison de l'insécurité, des centaines de bureaux de vote - jusqu'à 12% du total - pourraient rester fermés.

Le 4 août, les talibans avaient tiré neuf roquettes sur la capitale afghane, dont une était tombée près de l'ambassade américaine, blessant un homme et un enfant.

Avec AFP, Presse Canadienne et Le Soleil