Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a laissé entendre jeudi qu'il n'excluait pas l'envoi de nouveaux renforts en Afghanistan, tout en avertissant du danger d'une présence excessive et de la disponibilité limitée des troupes américaines à cause de l'Irak.

Le rapport du nouveau commandant des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, attendu courant septembre, «n'inclura pas de requête spécifique pour de nouvelles forces. Mais nous lui avons dit qu'il était libre de demander ce dont il a besoin», a dit M. Gates, alors que Washington s'attend à ce que le haut gradé réclame d'importants renforts.

Son prédécesseur, le général David McKiernan, avait demandé 10 000 hommes de plus pour 2010, en sus des 21 000 soldats supplémentaires accordés cette année par le président Obama, mais sa requête était restée sans réponse.

«Je pense que nous devons avancer avec une grande prudence», a commenté M. Gates lors d'une conférence de presse, en rappelant avoir à plusieurs reprises exprimé des inquiétudes sur «la taille des forces internationales» en Afghanistan, pays historiquement hostile à la présence étrangère.

Le secrétaire à la Défense a également souligné qu'il risquait de manquer de troupes pour satisfaire rapidement une éventuelle demande.

«Jusqu'à ce que le retrait des troupes s'accélère en Irak après les élections là-bas (en janvier 2010), cela représentera un défi pour nous», a-t-il confié.

Quelque 132.000 soldats américains sont encore stationnés en Irak. Ils doivent se retirer du pays d'ici fin 2011.

En Afghanistan, les Etats-Unis compteront 68.000 soldats d'ici la fin de l'année, aux côtés de près de 40.000 forces d'autres nations.

A sept jours des élections présidentielle et provinciales afghanes, M. Gates a admis que la situation globale sur le plan de la sécurité restait «mitigée» et qu'il faudrait «quelques années» pour vaincre les talibans.

Plus de 10% des bureaux de vote pourraient rester fermés, a annoncé jeudi la Commission électorale indépendante afghane, tandis que les violences ont atteint ces dernières semaines un niveau inédit depuis l'intervention internationale qui a chassé les talibans du pouvoir fin 2001.

Sous l'égide du général McChrystal, qui commande également les forces de l'Otan en Afghanistan, les Etats-Unis refléchissent actuellement à des changements stratégiques et tactiques pour tenter de reprendre la main face au talibans.

Le Pentagone a évoqué jeudi quelques-unes des pistes à l'étude.

Le commandement américain envisage notamment de fermer certains postes militaires avancés à la frontière afghano-pakistanaise, dans l'est montagneux du pays, où sont basées des milices locales alliées aux talibans et à Al-Qaïda, a laissé entendre M. Gates.

Les troupes se recentreront sur la protection des zones peuplées, conformément aux principes de contre-insurrection appliqués désormais en Afghanistan.

«Si l'on empêche les talibans d'atteindre la population, on leur retire ce qui les nourrit», a-t-il fait valoir. «Quand les gens commence à se sentir en sécurité, alors ils deviennent les alliés de leur gouvernement et des forces internationales».

Le vice-chef d'état-major américain, le général James Cartwright, a quant à lui indiqué que le Pentagone comptait accentuer ses efforts pour lutter contre les bombes artisanales (IEDs), qui font de plus en plus de morts parmi les soldats américains en Afghanistan.