Le lieutenant américain Christopher McElrath et ses hommes ne sont pas satisfaits de la formation qu'ils viennent de dispenser à un groupe de policiers de la ville pétrolière de Kirkouk, dans le nord de l'Irak.

Le sergent Jamari Hood, du 3e bataillon, du 82e régiment d'artillerie de campagne, corrige une fois de plus la manière dont un policier porte son arme, alors qu'un autre officier américain mime devant ses élèves la meilleure façon d'avancer face à des ennemis.

Voici la nouvelle réalité irakienne pour McElrath, Hood et des milliers d'autres soldats américains depuis leur retrait, il y a six semaines, des villes et des localités: de guerriers, ils sont devenus instructeurs des nouvelles forces de sécurité irakiennes.

«Nous essayons de mettre au point un cycle de formation. Nous écoutons leurs requêtes et faisons des suggestions», assure le lieutenant McElrath, debout devant un poste de police au sud-est de Kirkouk (255 km au nord de Bagdad).

Les 750000 policiers et soldats irakiens sont désormais responsables de la sécurité mais, pendant les séances d'instruction à Kirkouk, il est apparu qu'il restait beaucoup à faire, y compris dans la formation de base.

«Ils ont reçu un apprentissage élémentaire, mais n'ont pas eu l'occasion de suivre un entraînement plus approfondi sur la pratique quotidienne de leur métier», explique le capitaine Tyler Donnell, chargé de la formation de la police dans le nord de Kirkouk.

«Nous (soldats américains) avons appris notre métier en répétant sans cesse les mêmes gestes. C'est ce que nous essayons d'inculquer à la police (...) Ils ont les capacités, mais beaucoup de choses sont à revoir», dit-il.

L'instruction consiste en une série d'exercices allant de la perquisition à l'entretien des armes ou à des cours sur l'éthique du métier et le chef de la police de la province reconnaît que ses hommes «en ont besoin».

«Nous comptons sur l'aide (américaine) car c'est vraiment un point très important», assure le général Jamal Taher Bakr, estimant que ses forces sont prêtes à 70%.

«L'entraînement concerne divers volets, comme l'armement, les enquêtes» et surtout la manière d'agir pour que les communautés de la province se sentent en sécurité, déclare-t-il.

«Les (forces) de la coalition vont nous aider jusqu'en 2011», explique le général kurde Jamal Bakr, diplômé de l'Académie de police de Bagdad en 1974.

Le commandant américain Ian Palmer, du 4e escadron, du 9e régiment de cavalerie, responsable du sud et de l'est de Kirkouk, juge inutile de comparer le niveau des forces de sécurité irakiennes à celui de leurs collègues américains, qui sont bien mieux équipés.

Même s'il considère «sans emphase» que l'armée et la police de Kirkouk sont les meilleures du pays, il pense qu'il faut «mettre les choses en perspective». «Les policiers sont-ils capables d'assurer la sécurité dans les régions dont ils ont la responsabilité? Ma réponse est oui», assure-t-il.

Concernant l'armée irakienne, il est nécessaire, dit-il, «d'avoir un oeil objectif». «Il faut s'interroger sur sa mission et ses tâches plutôt que d'essayer de la comparer à nos propres unités.»

«Nous sommes mieux équipés et mieux payés qu'eux et ce genre de comparaison ne sert donc à rien», poursuit-il.

Alors que le compte à rebours vers un retrait total des forces américaines fin 2011 a commencé, le général Bakr voudrait les voir rester plus longtemps pour parfaire l'entraînement.

Diplômé de l'académie militaire de West Point en 2007, le lieutenant McElrath promet en riant d'apprendre à manier l'AK47 (Kalachnikov de fabrication soviétique) afin de pouvoir mieux conseiller les policiers irakiens sur la manière de maintenir leur arme en bon état. Les soldats américains utilisent le M-16.