Une vague d'attaques a ensanglanté lundi l'Irak, faisant au moins 42 morts et plus de 200 blessés près de la ville septentrionale de Mossoul et à Bagdad, rappelant les heures les plus sombres des violences interconfessionnelles dans le pays en 2006 et 2007.

Deux camions piégés, garés à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, ont explosé à une minute d'intervalle vers 4h00 (21h00 HAE) dans le village de Khaznah, à 20 km à l'est de Mossoul, faisant 23 tués et 138 blessés, selon la police et les hôpitaux de Mossoul.

«Comme il n'y a pas d'électricité et à cause de la chaleur, je dormais sur le toit. Je me suis réveillé en sursaut car j'ai cru à un tremblement de terre. Il y avait de la fumée et de la poussière partout», a raconté Mohammad Kazem, 37 ans.

«Une minute plus tard, il y a eu une seconde explosion qui m'a projeté du toit jusqu'au sol», a-t-il ajouté.

Infirmier de 23 ans, Falah Reza est le seul survivant d'une famille de 12 personnes. «Onze de mes proches ont été tués quand notre maison s'est effondrée», a-t-il expliqué.

Trente-cinq maisons ont été détruites dans cette localité prospère où vivent 3500 Chabaks, en majorité des commerçants et des agriculteurs.

Cette secte kurdophone d'environ 30 000 personnes est dispersée dans 35 villages de la province de Ninive et une majorité réclame son rattachement à la région autonome du Kurdistan. Elle parle le chabaki, un mélange de turc, de perse et d'arabe.

Sa croyance est un syncrétisme entre l'islam chiite et des croyances locales. Persécutés sous Saddam Hussein car ils étaient kurdes, ils ont été, après l'invasion conduite par les États-Unis en 2003, la cible d'Al-Qaeda à plusieurs reprises.

«Je venais de finir ma prière et j'essayais de dormir quand la première explosion a tout ravagé dans ma maison. Puis il y a eu la seconde. J'ai cru que c'était la fin du monde», a raconté Assaad Salem.

À Bagdad, trois attentats ont eu lieu dans la matinée, dont deux visaient des journaliers rassemblés en quête de travail.

Le premier attentat, causé par une bombe cachée dans un sac de ciment à Hay al-Amel, dans l'ouest de la ville, a fait 7 tués et 46 blessés, selon des sources des ministères de l'Intérieur et de la Défense. À Chourta Arbaa, dans le nord, une voiture piégée a causé la mort de 9 personnes et fait 36 blessés, selon les mêmes sources.

La troisième attaque a eu lieu sur un marché de Sayadiya, un quartier à majorité sunnite du sud-est de Bagdad. Une bombe placée sur la chaussée a fait  trois tués et 14 blessés.

Vendredi, plus de 45 personnes avaient été tuées et 300 blessées dans une série d'attentats, la plupart contre la communauté chiite. À Mossoul, à 370 km au nord de Bagdad, un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée près d'une mosquée chiite, tuant 37 personnes et en blessant 276 autres.

La violence, qui a pris son essor en 2004, a revêtu un caractère confessionnel entre sunnites et chiites après l'attentat en février 2006 qui a détruit partiellement un mausolée révéré par les chiites dans la ville sunnite de Samarra, au nord de Bagdad. La situation a empiré jusqu'à fin 2007.

Une éclaircie est alors apparue après les revers majeurs d'Al-Qaeda dans les régions sunnites et l'Armée du Mehdi, du chef radical Moqtada Sadr, dans les régions chiites.

Les forces américaines se sont retirées fin juin des villes irakiennes, dans le cadre de l'accord de sécurité conclu en novembre avec Bagdad.