La situation semblait confuse dimanche chez les talibans pakistanais, qui auraient, selon les autorités, commencé à s'entretuer pour la succession de leur chef Baïtullah Mehsud, probablement mort mercredi dans un tir de missile américain.

Le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, a indiqué samedi soir que ses services cherchaient à confirmer des informations faisant état de violents combats vendredi entre deux commandants talibans, successeurs potentiels de Mehsud, dans la zone tribale reculée du Waziristan du Sud (nord-ouest).

L'un de ces deux commandants --Wali-ur Rehman et Hakimullah -- aurait été tué dans ces affrontements, a ajouté M. Malik, sans plus de précisions.

«Des informations indiquent qu'il y a eu des combats entre Wali-ur Rehman et Hakimullah (et) que l'un d'entre eux est mort. Je ne vais pas dévoiler son nom. Je cherche à confirmer» ces informations, a déclaré M. Malik à la chaîne de télévision privée Pakistani TV.

Les commandants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), le plus important réseau taliban du pays, seraient rassemblés depuis plusieurs jours dans le Waziristan du Sud pour désigner un successeur à leur chef Baïtullah Mehsud, dont la mort a été annoncée par de multiples sources.

Hakimullah Mehsud est l'un des adjoints et le principal porte-parole de Baïtullah Mehsud. Wali-ur Rehman est, lui, un haut commandant du TTP.

Le gouvernement pakistanais, de son côté, a annoncé sa mort probable, tout en disant attendre les résultats de l'enquête pour le confirmer officiellement.

Pour sa part, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Barack Obama, James Jones, a déclaré que les Etats-Unis considèrent que Baïtullah Mehsud est mort et que cela provoque des affrontements dans les rangs des rebelles.

 «Nous le pensons,» a-t-il dit. «Le gouvernement pakistanais croit qu'il est mort et tous les signes que nous avons le suggèrent», a déclaré James Jones.

Baïtullah Mehsud faisait figure d'ennemi numéro un du gouvernement du Pakistan, qui lui a attribué une très grande partie de la série d'attentats qui ont fait plus de 2.000 morts à travers le pays depuis deux ans, dont celui qui a tué l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto en décembre 2007.

Les zones tribales pakistanaises du nord-ouest ont été secouées par la rébellion des talibans depuis que ces derniers ont été chassés du pouvoir dans l'Afghanistan voisin fin 2001 par une coalition militaire internationale menée par les Etats-Unis. Ces derniers considèrent ces régions semi-autonomes, reculées, montagneuses et très peu contrôlées, comme le principal repaire des rebelles et de leurs alliés d'Al-Qaïda dans la région.

Toujours dans le nord-ouest, au moins 21 personnes -- 14 rebelles, deux soldats, un policier et quatre civils -- ont été tués ces derniers jours dans divers affrontements dans les districts de Mohmand, Bannu et Swat, selon plusieurs responsables de sécurité pakistanais.

Par ailleurs, dans la province tout aussi instable du Baloutchistan (sud-ouest), des rebelles séparatistes ont tué quatre policiers qu'ils retenaient en otage depuis le mois dernier, a annoncé la police locale.

Ils ont également menacé de tuer les six autres policiers qu'ils détiennent toujours, avec plusieurs employés de sociétés privées, si le Pakistan ne retirait pas ses troupes de la région et ne libérait pas certains prisonniers, a ajouté la même source. Les rebelles avaient déjà tué quatre autres policiers qu'ils retenaient en otage le mois dernier.

Tous ces bilans ne pouvaient être vérifiés de source indépendante.