Au moins 45 personnes ont été tuées et 300 blessées dans une série d'attentats vendredi en Irak, la plupart contre la communauté chiite, menaçant le fragile équilibre d'un pays qui sort de deux années de guerre confessionnelle.

À Mossoul, à 370 km au nord de Bagdad, un kamikaze a fait exploser sa voiture au moment où les fidèles quittaient la mosquée turcomane chiite Tchelio Khané après la prière pour se rendre à une cérémonie de condoléances dans une salle attenante. «Trente personnes ont été tuées et 72 personnes ont été blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée», a affirmé un responsable de la police de Mossoul, qui a refusé de donner son nom.

«Après l'explosion, je me suis précipité à la mosquée et l'odeur du sang et de la poudre m'a pris à la gorge. J'ai trouvé le corps sans vie de mon neveu et trois de mes fils blessés. Je les ai transportés vers une voiture de police. Puis je me suis rendu à l'hôpital et j'ai découvert que mon quatrième fils était mort», a raconté à l'AFP Ali Hassan, 41 ans.

Le lieutenant de police Khaled Rajab décrit le chaos qui régnait sur place. «Il y avait du sang et des morceaux de chair partout. La mosquée et plusieurs habitations s'étaient effondrées et nous avons cherché sous les décombres», a-t-il dit.

Deuxième ville d'Irak avec 1,6 million d'habitants, Mossoul compte une majorité de sunnites et une grosse minorité de Kurdes et de Chrétiens. Il y a aussi une communauté turcomane dans le nord de la cité.

«Je préparais le déjeuner quand j'ai entendu l'explosion puis le toit de ma maison s'est effondré. Je ne voyais plus rien à cause de la poussière mais j'ai entendu mes deux filles pleurer», a raconté à l'AFP Nahla Abbas, qui habite près de la mosquée.

«Mes voisins m'ont sortie des ruines et m'ont transportée à l'hôpital. Je ne sais ce qu'il est advenu de mes deux filles, ni de mon mari et de mon fils qui étaient à la mosquée», a ajouté cette femme qui souffre de plusieurs côtes cassées

Par ailleurs, le retour de centaines de milliers de chiites d'un pèlerinage dans la ville sainte de Kerbala, au sud de Bagdad, a été marqué par des explosions criminelles qui ont fait quatre morts et une vingtaine de blessés.

Le premier attentat a fait trois tués et huit blessés. Il visait un bus à Sadr City, un quartier chiite misérable du nord-est de la capitale, selon une source du ministère de l'Intérieur.

«J'ai vu un homme couvert de sang gisant sur la chaussée et d'autres passagers blessés qui tentaient de sortir du bus», a raconté Abou Mohammad, un commerçant de 60 ans, qui habite place Al-Hamza, où a eu lieu l'attentat.

«L'intérieur du bus était maculé de sang. Dieu merci c'est vendredi (jour de repos pour les musulmans) et la rue était vide sinon il y aurait eu beaucoup plus de victimes», a-t-il ajouté.

«Les passagers étaient surtout des femmes et des personnes âgées. Je ne comprends pas les motifs de ces attentats car il s'agit de personnes pacifiques et sans arme», a dit Abbas Joumaa, un employé de 27 ans.

Une heure plus tard, dans le même quartier, une bombe a visé un minibus faisant 5 blessés. Au même moment, à Zayouné, dans le centre de Bagdad, un pèlerin a été tué et cinq autres ont été blessés par une bombe.

De jeudi minuit à vendredi à l'aube, des centaines de milliers de chiites commémorent la naissance du 12e imam, Mahdi, dit «l'imam caché» dont les chiites attendent le retour car il doit selon eux instaurer justice et paix.

Durant le pèlerinage, les fidèles se rendent au mausolée de l'imam Mahdi. Ils y allument des bougies et prient Dieu pour qu'il leur apporte la paix et envoie le Mehdi sur terre, puis ils jettent leurs cierges dans une rivière avoisinante.