Le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas s'apprête à élire, pour la première fois en 20 ans, une nouvelle direction censée relancer le parti laïc affaibli par ses revers face au Hamas islamiste, ses divisions et sa mauvaise gestion.

L'élection d'un nouveau Comité central de 21 membres et d'un Conseil révolutionnaire de 120 membres, devait se tenir vendredi après-midi mais, selon des participants, n'aura finalement lieu que samedi en raison du grand nombre de candidatures. Ce scrutin marquera le moment fort du Congrès du Fatah, son premier depuis 1989, qui s'est ouvert mardi à Bethléem en Cisjordanie et doit se terminer dimanche.

«À l'issue du Congrès, le Fatah aura une nouvelle direction au sein de laquelle la jeune génération aura un rôle important», a déclaré un des ténors du Fatah, Nabil Chaath, au site officiel du Congrès. «Cela redynamisera le mouvement et renforcera sa légitimité».

Le Fatah monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne avant d'être battu aux législatives en 2006 par le Hamas qui l'a ensuite délogé par la force de la bande de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite depuis à la Cisjordanie occupée par l'armée israélienne.

Son déclin s'est accéléré depuis la mort en 2004 de son fondateur et chef historique Yasser Arafat, auquel M. Abbas a succédé à la tête du Fatah et de l'Autorité palestinienne.

Lors d'interventions houleuses depuis le début du Congrès, de nombreux délégués ont rendu la direction actuelle du Fatah responsable de ses échecs et protesté contre l'absence de bilans administratifs et financiers sur sa gestion lors des 20 dernières années, ternie par des accusations de corruption.

Dans ce contexte, seul M. Abbas, «le candidat du consensus» selon des délégués, est assuré d'être reconduit à son poste alors que la plupart des dirigeants actuels du Fatah risquent d'être poussés vers la sortie au profit de nouveaux visages.

Le nombre de candidatures au Comité central a atteint 131 et celui pour le Conseil révolutionnaire 496, ont indiqué des délégués.

«Un fort vent de changement souffle sur le Congrès. À mon avis au moins la moitié des membres actuels du Comité central et du Conseil révolutionnaire seront remplacés», a indiqué à l'AFP un délégué sous couvert d'anonymat.

Le secrétaire du général du Fatah en Cisjordanie emprisonné en Israël, Marwan Barghouthi, l'ex-chef de la Sécurité préventive Jibril Rajoub, et le négociateur Saëb Erakat apparaissent comme les prétendants les plus sérieux au Comité central, qui gère le Fatah au jour le jour.

L'ex-homme fort du Fatah à Gaza et «chouchou» des Américains, Mohammad Dahlane, frappe lui aussi à la porte du Comité central bien qu'il soit tombé en disgrâce après la déroute face au Hamas qui lui a été largement imputée.

Quelque 2.000 délégués participant au Congrès éliront les instances dirigeantes. Le Hamas a empêché des dizaines de délégués de Gaza d'y assister mais ils pourront participer au vote à distance «grâce à un procédé en ligne», selon des participants.

«Tout les délégués pourront participer au vote, soit directement soit à distance», a confirmé M. Chaath.

Le parti devra aussi adopter un nouveau programme politique. Le mouvement prône la négociation avec Israël pour un règlement du conflit mais insistera aussi dans son programme «sur le droit du peuple palestinien à recourir à la résistance dans toutes ses formes pour recouvrer ses droits», selon M. Chaath.