La police israélienne a recommandé dimanche l'inculpation du ministre ultranationaliste des Affaires étrangères, Avidgor Lieberman, pour corruption et blanchiment d'argent, a indiqué un responsable.

«Le département des fraudes de la police a recommandé l'inculpation du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman sur lequel pèsent des accusations de blanchiment d'argent, de pots-de-vin et d'entrave à la justice», a déclaré à l'AFP ce responsable de la police sous couvert de l'anonymat.

Cette recommandation sera soumise dans les prochains jours au procureur général de l'État Menahem Mazouz, qui décidera s'il inculpera ou non M. Lieberman. Ce dernier sera contraint de quitter ses fonctions en cas d'inculpation.

Objet d'une enquête de la police depuis une dizaine d'années, M. Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, a été entendu à de nombreuses reprises par le département des fraudes de la police qui le soupçonne de corruption, fraude, blanchiment d'argent, abus de confiance et entrave à l'enquête.

Selon des médias israéliens, il aurait notamment reçu de «très importantes sommes d'argent en provenance de l'étranger» pour financer ses campagnes électorales. Ces fonds auraient transité grâce à des sociétés fictives et différents comptes bancaires.

M. Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, dément ces accusations et soutient que l'enquête de la police est politiquement motivée.

«Il n'y avait pas de véritable raison pour ouvrir une enquête à mon sujet et si les soupçons avaient un fondement quelconque l'investigation n'aurait pas continué pendant plus d'une décennie», a réagi le ministre à la demande d'inculpation dans un communiqué.

«Depuis 13 ans, la police me persécute et à mesure que mon pouvoir politique et celui de mon parti augmente, les tentatives pour me détourner des activités publiques se sont accélérées», a-t-il ajouté.

M. Lieberman, 51 ans, a été nommé à la tête de la diplomatie après la percée de son parti ultranationaliste aux élections législatives de février, devenant le troisième parti d'Israël avec 15 députés sur 120.

Depuis sa prise de fonction en avril, il a été interrogé cinq fois par la police.

Le 14 juillet, la police avait indiqué que l'enquête sur une affaire de blanchiment d'argent concernant le ministre touchait à sa fin.

Le même jour, la chaîne publique israélienne avait cependant indiqué que la police avait d'ores et déjà présenté à M. Mazouz «un ensemble d'éléments permettant d'engager des poursuites pour blanchiment d'argent et entrave à la justice contre M. Lieberman, sa fille Michal, et deux autres personnes».

Selon les médias, la fille de M. Lieberman est soupçonnée de détenir en son nom des comptes bancaires à Chypre qui auraient permis à son père de se livrer à des activités frauduleuses.

Ces fonds auraient transité par des sociétés-écrans et divers comptes, notamment pour financer les campagnes électorales du parti Israël Beiteinou.

Originaire de l'ex-URSS, M. Lieberman s'est taillé une réputation d'«homme fort» prêt à expulser les Arabes israéliens qui ne prêteraient pas allégeance à l'État hébreu. L'une de ses idées phare est un échange de territoires peuplés d'Arabes israéliens contre des parties de Cisjordanie.

Dès son entrée en fonction, il avait provoqué des remous en Israël et à l'étranger en adoptant des positions dures vis-à-vis des Palestiniens et des Syriens.