Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui doit être investi la semaine prochaine, semblait lundi fragilisé par des tensions croissantes au sein du camp conservateur qui ont conduit au limogeage du ministre des Renseignements.

Le quotidien conservateur Tehran Emrouz titrait «Journée chaotique pour le gouvernement» après le départ de Gholamhossein Mohseni Ejeie, démis la veille de ses fonctions. Il avait eu mercredi un affrontement verbal avec M. Ahmadinejad selon l'agence Mehr.

En revanche, le président a rejeté la démission du ministre de la Culture, Mohammad Hossein Safar Harandi, selon un responsable de la presse à la présidence, cité par l'agence Isna.

Avec M. Mohseni Ejeie, dix ministres sur un total de 21 ont changé depuis 2005, selon le gouvernement. Or, selon la Constitution, un vote de confiance du Parlement est nécessaire pour l'ensemble du gouvernement si plus de la moitié des membres du cabinet changent.

«Je ne sais pas pour quelle raison le président a agi ainsi, mais c'est contraire à l'intérêt national et à l'intérêt du gouvernement», a critiqué le député conservateur Heshmatollah Falahatpisheh dans le Tehran Emrouz.

Les tensions grandissent au sein du camp conservateur, alors que Mahmoud Ahmadinejad doit être investi le 5 août avant de présenter son gouvernement. L'approbation de cette liste par les députés pourrait être rendue difficile par ces dissensions. Elles ont éclaté au grand jour lorsque le président a nommé un de ses proches, Esfandiar Rahim Mashaie, au poste de premier vice-président. Plusieurs ministres, notamment ceux des Renseignements et de la Culture, avaient critiqué cette nomination et surtout le retard de M. Ahmadinejad pour obéir au Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait ordonné d'«annuler» cette nomination.

Quelque 200 députés ont envoyé dimanche une lettre au président pour lui demander «de corriger son comportement de sorte que les points de vue du Guide suprême soient appliqués avec plus de rapidité et de sérieux», selon le député conservateur Mouss-al-Reza Servati, cité par l'agence Ilna.

Annoncée le 17 juillet, la nomination de M. Rahim Mashaie avait provoqué un tollé. Les conservateurs et le clergé ne lui pardonnaient pas d'avoir déclaré en juillet 2008 que l'Iran était «l'ami du peuple américain et du peuple israélien».

De son côté l'opposition, qui conteste le résultat de l'élection présidentielle du 12 juin, reste mobilisée avec une demande d'autorisation d'organiser jeudi une cérémonie en hommage aux personnes tuées au cours des manifestations qui ont suivi la réélection de M. Ahmadinejad.

«Nous voulons tester le gouvernement. Il n'y aura pas de discours, nous voulons simplement utiliser le Grand Mossala (lieu de prière) de Téhéran pour lequel des centaines de millions de dollars ont été dépensés», a expliqué lundi le chef de l'opposition, Mir Hossein Moussavi sur son site internet.

Il a toutefois prévenu que «le peuple a puni ceux qui avaient commis de tels crimes avant la révolution» de 1979.

Pour tenter d'apaiser les tensions, le pouvoir a également répondu lundi aux appels à la libération des personnes arrêtées lors des manifestations. Le Parlement, dominé par les conservateurs, a créé une commission spéciale pour suivre la situation des 300 détenus concernés, selon des chiffres officiels.

Le chef de la Justice, l'ayatollah Mahmoud Hachémi Chahroudi, a aussi donné l'ordre à ses services de statuer dans la semaine sur le sort de ces prisonniers qui, selon lui, doivent être libérés sous caution si leur détention n'est pas justifiée.

Il a par ailleurs créé une commission qui devra notamment «préparer un rapport sur les interrogatoires et le respect du droit des citoyens».