L'opposition iranienne a demandé dimanche l'autorisation d'organiser une cérémonie en hommage aux personnes tuées au cours des manifestations qui ont suivi la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, qui restait la cible de véhémentes critiques de son propre camp.

«Nous vous informons que nous souhaitons organiser une cérémonie dans le Grand Mossala (lieu de prière) de Téhéran pour le quarantième jour des événements tristes qui ont vu nombre de nos compatriotes perdre la vie», ont écrit les chefs de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, dans une lettre au ministre de l'Intérieur.

«Il n'y aura pas de discours au cours de cette cérémonie et les participants écouteront seulement des versets du Coran en silence», ont-ils ajouté.

L'Iran a connu des manifestations, parfois violentes, dans les jours qui ont suivi la réélection, le 12 juin, de M. Ahmadinejad et qui ont fait, selon un bilan officiel, une vingtaine de morts.

Dans les jours qui ont suivi le scrutin, les autorités ont interdit tout rassemblement à Téhéran mais aussi en province.

Malgré cette interdiction, des manifestations se sont déroulées à diverses occasions. Ainsi des milliers de personnes sont descendues dans la rue le 9 juillet pour commémorer les émeutes étudiantes de 1999.

La demande formulée par l'opposition auprès du président intervient alors que M. Ahmadinejad restait dimanche sous le feu des critiques des conservateurs qui lui reprochent d'avoir tardé à se séparer de son premier vice-président Esfandiar Rahim Mashaie malgré l'ordre donné en ce sens par le Guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei.

Depuis une semaine, le camp conservateur contestait la promotion d'un homme qui avait fait scandale en juillet 2008 en affirmant que l'Iran était «l'ami du peuple américain et du peuple israélien», une position en totale contradiction avec la rhétorique classique du régime.

Dans une lettre datée du 18 juillet, mais rendue publique le 24 juillet, le Guide suprême avait ordonné d'«annuler» la nomination de M. Rahim Mashaie, très proche du président, alors que ce dernier n'avait cessé jusqu'à samedi de défendre son choix.

Samedi, M. Rahim Mashaie a abandonné ses fonctions. Il reste toutefois proche du pouvoir, après avoir été nommé conseiller de M. Ahmadinejad et chef de cabinet du président.

«Après la lettre du guide suprême (ndlr: qui demandait le départ de Esfandiar Rahim Mashaie) datée du 18 juillet, il était du devoir du président Ahmadinejad de l'appliquer» aussitôt, a déclaré le député conservateur Ahmad Tavakoli, selon le quotidien Jam-e Jam qui appartient à la télévision d'État.

«Malheureusement, il ne l'a pas fait pendant sept jours», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le journal réformateur Etemad a annoncé dimanche qu'un étudiant arrêté lors d'une manifestation le 9 juillet était mort en prison.

Samedi, un autre journal avait fait état de la mort en détention d'un autre manifestant, Mohsen Ruholamini (25 ans), arrêté également lors d'un rassemblement le 9 juillet.

Selon la presse, le jeune homme était le fils d'Abdolhossein Ruholamini, un conseiller du quatrième candidat à la présidence, Mohsen Rezai, ancien chef des Gardiens de la révolution.

Samedi, dans un texte mis en ligne sur le site Ghalamnews de M. Moussavi et celui du parti de M. Karoubi, Etemad Melli, les leaders de l'opposition ont accusé le régime de «barbarie», dénonçant des «méthodes d'interrogatoire qui rappellent l'ère obscure du shah».