Mhosen Rezaei, candidat conservateur à la présidentielle iranienne, exhorte les deux autres rivaux malheureux de Mahmoud Ahmadinejad à renoncer à réclamer un nouveau scrutin.

Sur son site Web, l'ancien commandant des Gardiens de la révolution a appelé dimanche soir les réformateurs Mir Hossein Mousavi et Mehdi Karroubi à accepter les résultats du scrutin du 12 juin et à travailler avec le président Ahmadinejad.

 

Tentant apparemment de se poser en arbitre entre les deux camps, il a estimé que «la poursuite de la situation actuelle nous mènera vers la désintégration». Et jugé que cette «désintégration» est le résultat d'un «complot» d'Israël et des États-Unis pour «affaiblir l'Iran et le faire se rendre, via des sanctions ou une attaque».

 

Renvoyant les deux camps dos à dos, il a estimé que le gouvernement aurait mieux dû faire la distinction entre les simples manifestants et les «contre-révolutionnaires» et autres «auteurs de violations». «Je crois que la poursuite des méthodes de certains militants nous mènera en arrière et vers l'échec et que les méthodes d'autres nous poussera vers le précipice», ajoute-t-il, avant d'estimer tout de même que «les dégâts causés par les deux camps sont encore réparables».

 

Le candidat conservateur, arrivé troisième, avait intenté des recours contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, avant d'annuler ses plaintes.

 

Des dizaines de disparus

 

Au Caire, la Campagne internationale pour les Droits de l'homme en Iran a fait part dimanche de son inquiétude au sujet de dizaines, voire centaines d'Iraniens dont on est sans nouvelles depuis les jours de manifestations et d'émeutes. L'ONG basée à New York évoque notamment la situation d'une famille, qui n'a appris la mort de son fils de 19 ans, Sohrab Aarabi, tué par balles au cours d'une manifestation le 15 juin, que des semaines plus tard.

 

Le bilan officiel des violences qui ont suivi la réélection contestée d'Ahmadinejad est d'au moins 20 morts dans les rangs des manifestants, sept dans ceux des miliciens bassidji.

 

Tous les jours, la mère du jeune Sohrab Aarabi est partie aux nouvelles, au tribunal révolutionnaire et à la prison d'Evin, dans la banlieue de Téhéran. Mais ce n'est que samedi qu'elle a été convoquée par la police pour identifier son fils parmi une série de photos de morts. Et le corps du jeune homme aura mis quatre jours à arriver chez le médecin légiste, ajoute l'organisation.

 

«L'absence de transparence et la lenteur calculée dans la diffusion de l'information sur la mort inexpliquée d'Aarabi ne fait que renforcer l'inquiétude au sujet de dizaines d'autres disparus, ainsi que de ceux qui sont détenus sans nouvelles ni contacts avec des proches ou avocats, la plupart depuis près d'un mois», ajoute le groupe dans un communiqué.

 

«Il y a beaucoup de personnes disparues qui pourraient languir dans des prisons secrètes, voire même être mortes» comme le jeune Aarabi, a estimé son porte-parole, Hadi Ghaemi.

 

Par ailleurs, selon Reporters sans Frontières (RSF), au moins 41 journalistes sont aujourd'hui sous les verrous en Iran, certains dans des endroits tenus secrets.