Le gouvernement afghan a annoncé jeudi qu'il avait réécrit la controversée loi sur le mariage, dont des dispositions semblant autoriser le viol conjugal avaient suscité une vague de protestations internationales.

Cette révision du texte intervient à l'issue d'un examen de trois mois par le ministère de la Justice ordonné par le président Hamid Karzaï. La nouvelle version devra être soumise au Parlement, a précisé un porte-parole du ministère Mohammad Reza Howeida.

Le président Karzaï avait promulgué le texte en mars dernier, avant d'en suspendre rapidement l'entrée en vigueur devant les condamnations venues des capitales du monde entier. Si cette loi n'est censée s'appliquer qu'à la minorité musulmane chiite du pays, qui représente 10 à 20% des 30 millions d'habitants, beaucoup y avaient vu un retour à l'oppression des femmes caractéristique du régime fondamentaliste des talibans alors que le gouvernement de Kaboul est censé rétablir la démocratie et les droits de l'Homme en Afghanistan. Le président Barack Obama avait fustigé une loi «abominable».

D'après les documents fournis par le ministère de la Justice, deux des articles les plus controversés ont été modifiés en profondeur. L'article qui stipulait qu'une épouse se devait d'accepter des relations sexuelles avec son mari tous les quatre jours précise désormais seulement qu'une femme a l'obligation d'exécuter tous les travaux ménagers décidés par le couple au moment du mariage et ne tente plus de légiférer sur les rapports sexuels entre époux.

Le paragraphe qui précisait qu'une femme devait demander à son époux la permission de quitter la maison a également été supprimé. Il a été remplacé par un article qui précise qu'une femme est ôôpropriétaire de ses biens et peut les utiliser sans la permission de son époux».

«Les premières informations laissent entendre que des amendements ont été apportés à cette loi pour veiller à ce que l'Afghanistan respecte ses obligations internationales», a estimé Aleem Siddique, un porte-parole de la Mission des Nations unies en Afghanistan. «Les Nations unies avaient eu des inquiétudes sur des parties de cette loi qui ne sont pas en accord avec le droit international, en particulier au regard des droits des femmes», a-t-il rappelé.

On ignorait combien de temps prendrait l'adoption de la nouvelle loi. Hmaid Karzaï, que ses détracteurs ont accusé d'avoir peut-être utilisé le texte pour courtiser les chiites conservateurs, avait promis de réviser le texte avant la présidentielle du 20 août prochain.