Le gouvernement irakien a appelé samedi les États-Unis à ne pas s'ingérer dans sa politique intérieure, au lendemain d'une sévère mise en garde du vice-président américain aux dirigeants du pays.

Le vice-président américain, Joe Biden, doit «transmettre à son président le désir commun des Irakiens de vouloir régler leurs affaires entre eux», a déclaré le porte-parole du gouvernement Ali Dabbagh lors d'une intervention à la télévision publique irakienne.

«Nous ne voulons pas que d'autres parties s'ingèrent dans nos affaires car les choses se compliqueront et rien ne sera réglé. Il s'agit d'un message qu'il doit transmettre» au président Barack Obama, a-t-il ajouté.

M. Biden, arrivé jeudi soir en Irak après avoir été investi par M. Obama de la mission d'oeuvrer à la stabilisation politique du pays, a menacé ses interlocuteurs d'un désengagement si la violence confessionnelle et ethnique devait reprendre.

Les États-Unis, qui se sont félicités de la baisse considérable de la violence en Irak, ont au contraire exprimé leur exaspération face à l'absence de progrès dans les réformes constitutionnelles nécessaires à faire cesser les profondes divisions entre chiites, Kurdes et sunnites.

«Si la violence reprenait, cela changerait la nature de notre engagement. (M. Biden) a été très direct sur ce point», a dit vendredi un haut responsable américain, relatant la teneur des discussions entre le numéro deux américain et les dirigeants du pays, dont le premier ministre Nouri al-Maliki.

Assurant Bagdad de son soutien et de son aide, l'administration de M. Obama s'est dans le même temps dit réticente à «recoller les pots cassés encore une fois si, par l'action de certains, l'Irak devait s'effondrer».

Face à cette brusque tension dans les relations irako-américaines, le gouvernement a tenté de ne pas froisser son allié, qui a retiré ses troupes des villes le 30 juin et mettra fin à toutes ses missions militaires fin 2011.

«Nous voulons de bonnes relations avec les États-Unis. Oui nous partageons votre inquiétude qui est légitime car vous voulez voir l'expérience (en Irak) réussir», a indiqué M. Dabbagh.

«Mais nous pouvons régler (les problèmes) entre nous, sur la base de la Constitution et d'un consensus entre les groupes irakiens, notamment au sujet des relations entre la région (kurde) et le gouvernement central. Je pense que nous avons été clairs à ce sujet pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté», a poursuivi M. Dabbagh.

Dans la journée, M. Biden a fêté l'anniversaire de l'indépendance américaine en participant à la naturalisation de 237 soldats originaires de 59 pays, dont de nombreux latino-américains, dans un ancien palais de Saddam Hussein, sur une base de Bagdad.

«Nos diplomates et civils vont concentrer leurs efforts pour aider les Irakiens à faire le maximum afin d'aboutir à un compromis politique ouvrant la voie à la paix et à la sécurité», a dit Joe Biden, qui s'exprimait sous une immense bannière étoilée dans le cadre de cette cérémonie de naturalisation.

Le compromis --qui tarde à venir en raison de profondes divergences entre les communautés irakiennes-- devrait permettre «de bâtir un gouvernement capable d'assurer la sécurité et d'offrir les services auxquels ont droit les citoyens d'Irak», a souligné le vice-président, soulignant qu'il restait «un énorme et dur travail à faire».

Usant d'un langage cru, il a ajouté plus tard: cette cérémonie de naturalisation «s'est déroulée dans un palais de Saddam, rien de moins. Ce fils de p... se retourne dans sa tombe en ce moment».