Israël a donné lundi son feu vert à la construction de 50 logements dans une colonie de Cisjordanie en dépit des pressions croissantes de la communauté internationale en faveur d'un gel total de la colonisation.

Cette décision a été annoncée quelques heures avant le départ pour New York du ministre de la Défense Ehud Barak, qui doit rencontrer mardi l'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient George Mitchell pour discuter du dossier controversé des colonies.

Le feu vert donné à la construction de 50 logements a été prise, selon le ministère de la Défense, pour permettre aux Israéliens installés à Migron, la plus grande colonie «sauvage» de Cisjordanie, de déménager à Adam.

Migron, construite sans l'aval des autorités au contraire d'Adam, compte 200 habitants qui vivent dans une soixantaine de caravanes et deux maisons en dur.

Depuis sept ans, tous les gouvernements israéliens se sont engagés auprès des États-Unis à démanteler la centaine de colonies sauvages érigées par des ultra-nationalistes. Ces promesses n'ont toutefois pas été tenues notamment pour Migron, considérée comme un «symbole» par les colons.

La communauté internationale ne fait pas de distinction entre colonies sauvages et légales.

La radio militaire a précisé que ce feu vert pour la construction immédiate de 50 logements à Adam s'inscrivait dans un projet beaucoup plus vaste de 1450 unités de logements qui doivent être construits à l'avenir dans cette colonie située au nord de Jérusalem.

Le ministère de la Défense a pour sa part affirmé que tous les informations concernant ces 1450 logements étaient «fausses, tendancieuses et inexactes».

Dans une réponse officielle présentée par le ministère de la Défense à la Cour suprême et communiquée à la presse, il est toutefois indiqué qu'un plan de construction de 1450 logements existe bel et bien, mais qu'il n'a pas obtenu les autorisations nécessaires pour être lancé.

Soumis aux pressions du président américain Barack Obama et des dirigeants européens, le premier ministre Benjamin Netanyahu a laissé entendre qu'il pourrait démanteler une vingtaine de colonies sauvages.

Il s'est toutefois refusé jusqu'à présent à geler la construction dans les colonies afin de permettre la «croissance démographique naturelle» de leurs habitants.

M. Netanyahu, qui a accepté pour la première fois l'idée d'un État palestinien lors d'un discours à la mi-juin, souhaite trouver une formule de compromis avec les États-Unis. Selon les médias, il envisage un gel de trois mois de la construction dans les colonies.

Selon le quotidien Yediot Aharonot, le gel de la colonisation envisagé par M. Netanyahu ne concernerait toutefois pas 2000 des 3200 logements privés en cours de construction dans les implantations, ni les chantiers à Jérusalem-est.

Au sein de son gouvernement, le ministre travailliste du Commerce et de l'Industrie, Binyamin Ben Eliezer, a affirmé qu'il soutenait «un moratoire de trois mois de la construction dans les colonies pour permettre une relance des négociations avec les Palestiniens».

Yariv Oppenheimer, le secrétaire général de la Paix Maintenant, un mouvement opposé à la colonisation, a lui appelé M. Barak à revenir sur sa décision et «à geler toutes les autorisations de construction dans les colonies».

En revanche, le député Michael Ben Ari, de l'Union Nationale, un mouvement d'extrême-droite, a pressé les habitants de Migron de ne pas accepter de déménager à Adam.

«Aucune concession n'est possible lorsque le gouvernement décide de démanteler des colonies», a affirmé ce député à la radio.