La police iranienne était déployée en force dans les rues de Téhéran lundi soir, alors que le Conseil des gardiens a validé la réélection de Mahmoud Ahmadinejad sur la foi d'un recomptage partiel des urnes rejeté d'avance par les candidats contestataires.

Parallèlement, l'Iran a libéré cinq des neufs employés locaux de l'ambassade de Grande-Bretagne et assuré qu'il ne souhaitait pas réduire ses relations diplomatiques avec les Occidentaux.

Téhéran accuse Londres d'avoir orchestré la contestation des résultats du scrutin présidentiel, qui a donné lieu aux manifestations les plus violentes de l'histoire de la République islamique, lesquelles ont fait au moins 20 morts.

En soirée, l'ayatollah Ahmad Janati, chef du Conseil des gardiens de la Constitution, organe chargé de valider les élections, a confirmé les résultats de la présidentielle du 12 juin, en se fondant sur le recomptage de 10% des urnes prises «au hasard» dans tout le pays.

«Nous confirmons le résultat de la 10ème élection présidentielle», a déclaré M. Janati, selon le texte d'une lettre au gouvernement lue à la télévision.

«La majorité des objections (que nous avons examinées) n'ont pas été considérées comme des fraudes mais n'ont été que des irrégularités mineures qui se produisent lors de chaque élection. Elles ne sont pas significatives et les objections sont donc infondées», a estimé M. Janati.

Le sortant Ahmadinejad a officiellement obtenu 63% des voix, contre 34% pour son principal rival, Mir Hossein Moussavi.

Le recomptage partiel est censé mettre un terme aux accusations de fraude portées par M. Moussavi et les deux autres candidats, Mehdi Karoubi et Mohsen Rezaï. Mais ces derniers ont refusé de déléguer leurs représentants au recomptage, en mettant en doute l'impartialité du Conseil.

Des témoins ont précisé que des milliers de policiers et de miliciens du Bassidj étaient déployés lundi soir dans un «quadrillage systématique» des principales places et artères de Téhéran pour dissuader les éventuels manifestants.

Les forces de sécurité effectuaient des contrôles d'identité des automobilistes et fouillaient parfois le coffre des véhicules.

Londres a confirmé lundi les libérations de cinq employés locaux de son ambassade à Téhéran, le Premier ministre Gordon Brown appelant l'Iran à libérer leurs quatre collègues, jugeant leur maintien en détention «inacceptable» et «injustifiable».

Hassan Ghashghavi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a assuré que ces arrestations n'annonçaient pas «une réduction» des liens diplomatiques, mais signalé qu'elles étaient fondées sur des «preuves».

L'Iran avait accusé l'ambassade britannique d'envoyer son personnel «parmi les émeutiers pour les guider».

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton a dénoncé lundi le «harcèlement déplorable» dont sont victimes les diplomates britanniques.

Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a laissé entendre que des sanctions contre Téhéran pourraient être votées lors du prochain sommet du G8 à L'Aquila (Italie), alors que «plus de 2 000 personnes» ont été arrêtées en Iran depuis le scrutin, selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).

Dans un communiqué, Amnesty international a dit craindre que des dirigeants de l'opposition soient torturés en prison pour obtenir des «aveux télévisés en prélude à des procès iniques où ils seraient passibles de la peine de mort.»

«Si ces craintes sont avérées, il s'agirait d'une tactique épouvantable des services de sécurité pour faire taire des dirigeants politiques une bonne fois pour toutes et adresser un message clair aux autres», indique le communiqué.