Principal rival de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle iranienne du 12 juin, Mir Hossein Moussavi persiste et signe. Il continue de défier le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et de dénoncer «les fraudes» commises lors de l'élection. Rien ne le prédestinait pourtant à devenir le symbole du changement et de la résistance en Iran.

On dit qu'il souffre d'un cruel manque de charisme. Pourtant Mir Hossein Moussavi se dresse avec conviction face au pouvoir iranien et galvanise les foules depuis l'élection du 12 juin dernier.

 

Les moins jeunes en Iran se rappellent que Mir Hossein Moussavi rêvait jadis de répandre la révolution islamique aux quatre coins du monde. Et qu'il voyait d'un bon oeil la prise d'otages américains à Téhéran, à la fin des années 70.

Pourtant, au cours des derniers mois, il a promis de changer l'image de son pays à l'étranger. Et de privilégier le dialogue avec l'Occident. Tout le contraire de son rival et vainqueur officiel de la présidentielle, Mahmoud Ahmadinejad, pour qui la provocation était une seconde nature.

«Il n'a jamais appartenu à la famille réformatrice sur le plan politique», précise cependant Houchang Hassan Yari, professeur au Collège militaire royal du Canada à Kingston. Mais les circonstances ont fait de lui le candidat de la réforme, dit ce spécialiste de l'Iran.

«Il est conservateur, mais pas dans le sens d'Ahmadinejad. Plutôt parce qu'il veut conserver les valeurs de la révolution iranienne: indépendance, liberté et république islamique. Mais il est réformateur dans le sens où il voulait changer les politiques négatives d'Ahmadinejad», ajoute l'expert.

Son conservatisme n'est pas une surprise. Mir Hossein Moussavi est issu de l'intérieur même du régime. Né en 1941 dans la province azerbaïdjanaise de l'Iran, il a carrément été l'un des instigateurs du Parti islamique du pays.

Architecte de formation, il aura connu son heure de gloire, en politique, de 1981 à 1989. Il a su brillamment tirer son épingle du jeu comme premier ministre du pays. Ce qui n'était pas une mince affaire puisque l'Iran était en guerre contre l'Irak

Il a été conseiller de deux présidents: Ali Akbar Hachémi Rafsandjani et Mohammad Khatami. Ces alliés ont soutenu avec vigueur sa candidature à la présidence.

Malgré ces appuis, l'heure de vérité a sonné pour Mir Hossein Moussavi. Et l'avenir du mouvement de résistance dépend maintenant en bonne partie de ses actions et décisions.

Mardi, le Conseil des Gardiens de la Constitution a officiellement fait savoir que les jeux sont faits. Rien ne va plus pour les opposants à Mahmoud Ahmadinejad. Il n'y aura pas de nouveau scrutin et le président réélu sera investi d'ici la mi-août, a-t-on statué.

Au pied du mur, Mir Hossein Moussavi a continué de défier les autorités. Il a annoncé qu'il publiera sous peu «un rapport complet sur la fraude électorale et les irrégularités» commises lors de l'élection.

«Il sent profondément qu'une fraude a eu lieu et qu'il faut protéger la révolution de Khomeiny contre les démagogues qui se réclament aujourd'hui de l'héritage de Khomeiny mais ne le respectent pas», explique Houchang Hassan Yari.

«Sur la base de ce qu'il a dit et fait jusqu'à maintenant, à mon avis, il va rester jusqu'au bout. C'est quand même extraordinaire pour quelqu'un qui connaît très bien le système. Et qui sait que ce système, s'il se sent menacé, fera tout pour enlever la menace», dit l'expert.

Mir Hossein Moussavi, en effet, connaît ce système de façon intime. Il sait ce qui risque d'arriver s'il continue d'y résister coûte que coûte. C'est pour cette raison qu'il s'est récemment dit «prêt à mourir en martyr».