Un journaliste grec travaillant pour le quotidien américain Washington Times a été arrêté en Iran, ont annoncé mardi les autorités iraniennes qui imposent d'importantes restrictions à la presse étrangère couvrant la contestation des résultats de la présidentielle.

«Le directeur général des médias étrangers au ministère de la Culture a confirmé l'arrestation d'un journaliste du Washington Times d'origine grecque,» a indiqué l'agence de presse Fars.

«Ce journaliste s'est rendu plusieurs fois dans notre pays pour des médias différents, mais je n'ai aucune idée de son infraction», a dit le responsable, Mohsen Moghadaszadeh, cité par l'agence.

Selon l'agence Irna, qui reprend également M. Moghadaszadeh, «Jason Fowden, le journaliste du Washington Times, a été arrêté alors qu'il quittait le pays à l'aéroport Imam Khomeiny à la fin de la semaine dernière», en allusion à la semaine iranienne qui se terminait le 19 juin.

Le rédacteur en chef du Washington Times, John Solomon, a indiqué dans un communiqué être «au courant de l'annonce de l'arrestation de l'un de nos journalistes pigistes, Iason Athanasiadis, par les autorités iraniennes».

«Nous tentons actuellement de retrouver la trace de Iason. On nous dit que le ministère grec des Affaires étrangères et l'ambassadeur de Grèce en Iran travaillent dur pour qu'il soit libéré rapidement», a ajouté M. Solomon, espérant que «le problème sera résolu très rapidement».

Selon l'ambassade de Grèce à Téhéran, le journaliste, Iason Athanasiadis-Foden, possède la double nationalité grecque et britannique.

M. Moghadaszadeh en a profité pour mettre en garde la presse étrangère.

«J'appelle les journalistes étrangers à travailler dans le cadre de la loi lorsqu'ils se rendent en Iran pour couvrir l'actualité (...) parce que, s'ils agissent contre la sécurité nationale et espionnent, ils seront arrêtés et remis à la justice», a-t-il dit.

La semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères avait accusé des médias occidentaux non identifiés d'être les «porte-parole» des «émeutiers» et averti que ces «ennemis» seraient mis «échec et mat».

Ces derniers ne peuvent couvrir les évènements qui ne sont pas spécifiquement «au programme» du ministère de la Culture et de la guidance islamique.

Depuis le début de la vague de contestation ayant suivi la réélection le 12 juin du président Mahmoud Ahmadinejad, la presse étrangère a été prise pour cible.

Un journaliste canadien travaillant en Iran pour l'hebdomadaire américain Newsweek, Maziar Bahari, a été arrêté dimanche par les autorités iraniennes et l'on est sans nouvelles de lui, selon Ottawa.

Le correspondant permanent de la BBC en Iran, Jon Leyne, a reçu dimanche l'ordre de quitter le pays sous 24 heures et ce, alors que Téhéran accuse la Grande-Bretagne, ainsi que d'autres pays occidentaux, d'avoir une responsabilité dans les troubles.

Mais la presse locale n'a pas été non plus épargnée.

L'organisation Reporters sans frontières a fait état dimanche de trois arrestations de journalistes iraniens depuis la veille, journée d'importantes manifestations contre la réélection du président Ahmadinejad durant lesquelles au moins 10 personnes ont été tuées selon la télévision d'Etat.