Un chef de faction taliban, considéré comme le principal rival du dirigeant des talibans pakistanais, a été abattu mardi, semble-t-il par un de ses gardes du corps.

L'assassinat de Qari Zainuddin, confirmé par le médecin Mahmood Khan Bitani, semble montrer que les divisions font rage dans les rangs talibans, confrontés à une offensive majeure de la part de l'armée gouvernementale: cette dernière est en train de terminer ses opérations dans la vallée de Swat et s'en prend désormais aux bastions du chef des talibans pakistanais, Baitullah Mehsud, au Sud-Waziristan, cette région tribale frontalière avec l'Afghanistan où Islamabad prépare une offensive majeure.

Par ailleurs, sept personnes ont été tuées dans le tir de trois missiles, qu'on soupçonne d'être américains, sur un camp d'entraînement présumé des talibans, selon deux responsables du renseignement pakistanais, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Cette attaque, attribuée à des drones, visait le village de Najmarai, dans le secteur de Makeen, également au Sud-Waziristan.

Zainuddin a pour sa part été abattu non loin de là, à Dera Ismail Khan. Celui qui s'était mis à critiquer Baitullah Mehsud, lui reprochant de s'en prendre aux civils, est morts des suites de ses blessures à la tête et à la poitrine, selon le médecin qui l'a accueilli à l'hôpital.

Selon Baz Mohammad, un de ses hommes blessé dans l'attaque, un gardien a fait irruption juste après la prière du matin et ouvert le feu avant de réussir à prendre la fuite. «C'était de toute évidence un homme de Baitullah qui a infiltré nos rangs», a-t-il déclaré à l'Associated Press, jurant de se venger avant de porter plainte auprès de la police.

Selon d'autres membres de son entourage, l'auteur de l'attaque s'était rapproché de sa future victime il y a environ quatre mois.

Mahmood Shah, ancien haut responsable des services pakistanais de sécurité, a estimé pour sa part que «Baitullah Mehsud a surmonté toutes les logiques tribales. Il a des revenus, un financement et une armée capable de frapper n'importe où au Pakistan. Il est impossible à éliminer via des efforts locaux», comme l'opposition de Zainuddin, a-t-il ajouté, qualifiant Baitullah Mehsud d'homme d'Al-Qaïda

Zainuddin disposait quant à lui d'un groupe estimé à environ 3000 combattants. Il avait dénoncé l'attentat contre une mosquée, attribuée au groupe de Mehsud, qui avait fait 33 morts, jugeant que ce qu'il faisait «au nom de l'islam n'est pas une guerre sainte, c'est du terrorisme». Les raisons de cette rivalité n'étaient pas claires, certains estimant qu'il tentait de se positionner comme alternative plus modérée au chef taliban, cible privilégiée d'Islamabad, qui le considère comme le centre de gravité de la plus grande partie de l'activité terroriste au Pakistan.