En quelques jours, l'ex-Premier iranien Mir Hossein Moussavi, qui avait disparu de la scène pendant 20 ans, s'est imposé comme le chef de l'opposition à la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Officiellement battu à la présidentielle du 12 juin, il en a contesté les résultats. Il a ensuite appelé ses partisans à manifester, malgré l'interdiction des autorités. Et il demande maintenant l'annulation pure et simple du vote et l'organisation de nouvelles élections.La discrétion, la voix douce et l'absence de charisme de cet architecte de 67 ans sont trompeurs. Il a fait preuve d'une détermination sans failles en tant que chef du gouvernement pendant presque toute la guerre de l'Irak contre l'Iran (1980-1988).

Il a même tenu tête à l'époque au président Ali Khamenei, sur la façon de gérer l'économie de guerre, notamment en défendant une étatisation des circuits économiques et un contrôle strict des prix.

L'ayatollah Khamenei est devenu ensuite le guide suprême, à la mort de l'ayatollah Rouhollah Khomeyni, fondateur der la République islamique, alors que M. Moussavi replongeait dans l'obscurité avec la suppression du poste de premier ministre la même année.

Il est sorti de cette éclipse de vingt ans en annonçant en avril sa candidature à la présidentielle de juin 2009.

Il s'y est présenté en tant que «réformateur attaché aux principes» de la révolution islamique.

Autrement dit un conservateur modéré, susceptible de rallier aussi bien les voix des partisans de l'ex-président réformateur Mohammad Khatami, que celles des conservateurs proches de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani.

Il a officiellement obtenu le soutien du premier, et le ralliement à sa personne de l'essentiel de ses proches.

Le deuxième, qui est un des plus hauts personnages de l'État en tant que chef du Conseil de discernement et de l'Assemblée des experts, est resté dans l'ombre.

Mais le président Mahmoud Ahmadinejad l'a nommément accusé d'être le celui qui a orchestré la campagne de M. Moussavi.

Au cours d'un débat télévisé avec M. Ahmadinejad, il a justifié son retour par le «danger» que ferait courir ce dernier à l'Iran en restant à sa tête.

Né le 29 septembre 1941, il a été un des fondateurs du Parti islamique qui a soutenu l'ayatollah Rouhollah Khomeiny après le départ du chah.

Il est nommé premier ministre en 1981, l'année ayant suivi l'attaque de l'Iran par l'Irak de Saddam Hussein. Après la suppression de son poste il sert de conseiller aux présidents Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997) puis Mohammad Khatami (1997-2005), ainsi qu'au sein du Conseil de discernement.

Son programme n'a rien de radical ou révolutionnaire.

Il s'est engagé à rétablir la stabilité dans une économie secouée par la politique dispendieuse et inflationniste du président Ahmadinejad.

Il entend aussi utiliser de nombreux experts dans son administration, alors que M. Ahmadinejad a été accusé par ses détracteurs de privilégier la fidélité à sa personne.

En politique étrangère, il veut changer l'image «extrémiste» de son pays à l'extérieur. Une allusion aux déclarations incendiaires du président actuel, que ce soit contre Israël ou les Occidentaux.

En revanche, il est fidèle à la ligne officielle de la République islamique sur le dossier nucléaire iranien, et exclu tout retour en arrière sur ce dernier. Au mieux il pense que l'Iran peut fournir des garanties sur sa vocation pacifique.

Outre le soutien de M. Khatami, il bénéficie d'une bonne réputation dans les cercles intellectuels. Architecte de formation, il dirige l'Académie des arts d'Iran, et son épouse Zahra Rahnavard est à la tête de l'Université Al-Zahra de Téhéran.