Le chef de la diplomatie israélienne, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, a défié l'administration Obama mercredi à Washington en réitérant l'opposition d'Israël à un gel de la colonisation juive dans les territoires occupés.

«Nous n'avons aucune intention de modifier l'équilibre démographique de la Judée-Samarie», a déclaré à la presse M. Lieberman, utilisant l'appellation de la droite israélienne pour la Cisjordanie.

«Mais nous ne pouvons accepter cette vision d'un gel absolu et complet de la colonisation», a ajouté M. Lieberman, qui se tenait aux côtés de Mme Clinton, avec laquelle il venait d'avoir plus d'une heure d'entretien. «Je pense que nous devons garder la croissance naturelle» (des colonies).

M. Lieberman a invoqué les accords informels passés avec l'administration Bush qui laissait, selon Israël, la porte ouverte à de nouvelles constructions dans les limites actuelles des colonies existantes. «Nous avions également des arrangements avec l'administration précédente et nous essayons de garder cette direction», a-t-il dit.

«Le Premier ministre a parlé de tout cela», a rappelé M. Lieberman, en référence au discours dimanche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a envisagé pour la première fois l'hypothèse d'un Etat palestinien sans pour autant accepter le gel total de la colonisation demandé par le président américain Barack Obama.

Il défiait ainsi ouvertement Mme Clinton, qui a appelé récemment à la fin de la colonisation en ajoutant: «Pas de colonies, pas de postes avancés, pas d'exceptions liées à la croissance naturelle».

La chef de la diplomatie américaine, qui paraissait un peu tendue à côté de M. Lieberman, a réitéré sa position.

«Nous voulons que la colonisation s'arrête», a-t-elle déclaré. «Nous pensons que c'est une partie importante, et même essentielle, d'efforts destinés à parvenir à un accord de paix global et à la création d'un Etat palestinien voisin d'un Etat juif israélien aux frontières et à l'avenir sûrs».

Quant aux «arrangements» avec l'administration Bush, elle a assuré qu'il n'y avait eu «aucun accord informel ou verbal applicable». «Cela a été vérifié par les archives officielles de l'administration et les personnes qui avaient des responsabilités», a-t-elle ajouté.

Mme Clinton s'est cependant voulue optimiste sur les chances de faire changer d'avis le gouvernement israélien.

«Si on regarde l'histoire d'Israël, on voit que depuis le début il y a eu des Premiers ministres dont les positions ont changé avec le temps», a-t-elle noté. «J'ai rencontré personnellement des Premiers ministres du parti Travailliste, du Likoud et de Kadima, qui sont partis d'un point de vue mais qui (...) sont parvenus à des positions qu'ils n'auraient jamais pensé pouvoir défendre».

«Et j'ai trouvé que M. Netanyahu, en reconnaissant les aspirations des Palestiniens à leur propre Etat dans son discours dimanche soir, a dit une chose que beaucoup attendaient», a-t-elle conclu.

Les discussions entre Israël et les Etats-Unis devraient se poursuivre à Paris, où l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, rencontrera M. Netanyahu le 25 juin, selon le département d'Etat.

M. Mitchell, artisan des accords de paix en Irlande du Nord, a dit mardi espérer terminer ces discussions préliminaires d'ici «quelques semaines» pour permettre une «reprise rapide» des négociations.

Quant à M. Lieberman, il a prévu de rester jusqu'à vendredi à Washington, où il doit rencontrer des élus, mais aussi le conseiller à la sécurité nationale de M. Obama, le général Jim Jones, ainsi que le conseiller de Mme Clinton pour l'Iran, Dennis Ross.