Le leader libyen Mouammar Kadhafi, en visite officielle en Italie, a accusé jeudi les États-Unis d'avoir livré l'Irak à l'organisation terroriste Al-Qaeda en éliminant l'ex-président Saddam Hussein.

«L'Irak était une forteresse contre le terrorisme, avec Saddam Hussein Al-Qaeda ne pouvait pas y entrer. Maintenant, grâce à l'intervention américaine, on entre en Irak comme dans un moulin et c'est tout bénéfice pour Al-Qaeda», a dit M. Kadhafi au cours d'un discours public devant des sénateurs italiens.Le leader libyen s'en est également pris aux États-Unis pour leur intervention contre la Libye en 1986, les accusant de s'être comportés comme «ben Laden».

«Quelle différence y a-t-il entre l'attaque des Américains en 1986 contre nos maisons et les actions terroristes de ben Laden?», s'est interrogé, un brin provoquant, le colonel.

Les États-Unis ont bombardé en 1986 la Libye en guise de représailles pour des attentats terroristes impliquant Tripoli.

«Nous sommes contre le terrorisme et nous le condamnons», a poursuivi Mouammar Kadhafi, «mais nous devons chercher à comprendre les raisons de ce phénomène pernicieux».

«Nous devons parler même avec le diable si nécessaire pour tenter de comprendre le terrorisme», a-t-i insisté.

Le leader libyen parlait dans une salle secondaire du Sénat après les protestations, la veille, de nombreux élus italiens qui refusaient la présence d'un «dictateur» dans l'hémicycle, au coeur des institutions de la démocratie.

Mouammar Kadhafi a rencontré par la suite des étudiants, mais sa visite à l'université de Rome a offert une nouvelle occasion aux jeunes de le contester.

Des étudiants ont déployé des banderoles contre sa visite, tandis que d'autres avaient allumé des fumigènes. Tous étaient maintenus à bonne distance par les forces de l'ordre et quelques légers heurts se sont produits.

Les propos de Mouammar Kadhafi sur les États-Unis ont suscité de nombreux commentaires de responsables italiens, alors que Silvio Berlusconi est attendu lundi à Washington.

«Ce n'est pas parce que l'on a accueilli Mouammar Kadhafi que l'on est d'accord avec tout ce qu'il dit», a déclaré le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini.

«Rien ne peut remettre en question l'amitié, la gratitude et l'admiration de l'Italie envers les États-Unis», a renchéri Daniele Capezzone, porte-parole du parti du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi.

Au cours de sa visite en fin de journée à la mairie de Rome, plusieurs élus de gauche ont déroulé une banderole réclamant le respect des droits de l'homme en Libye.

Arrivé mercredi pour une première visite «historique» en Italie, le leader libyen achève la partie officielle de sa visite vendredi dans la soirée.