Une enquête de l'armée américaine a conclu qu'il y avait eu des «problèmes» de procédures dans le déroulement des bombardements qui ont provoqué la mort de dizaines de civils début mai en Afghanistan, a annoncé le Pentagone lundi.

«Il y a eu des problèmes avec la tactique, la méthode et la procédure, la façon dont ce soutien aérien rapproché était censé être conduit dans ce cas», a indiqué un porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, lors d'une conférence de presse.

L'enquête ordonnée par le Commandement central américain porte sur les bombardements du 4 mai dans le district de Bala Buluk, dans la province de Farah, qui ont tué 140 civils selon le gouvernement afghan et 97 selon la Commission afghane indépendante des droits de l'Homme (AIHRC).

L'armée américaine a «estimé» pour sa part avoir tué «20 à 30 civils» et 60 à 65 insurgés.

Un bombardier B-1 américain impliqué dans l'incident a temporairement perdu le contact avec sa cible, a expliqué M. Morrell, tout en refusant d'établir un lien direct entre cette erreur et les morts de civils afghans dans les bombardements.

«Cet avion, en raison de sa technique d'approche avant un bombardement, a perdu l'identification positive de sa cible à un moment donné», a-t-il décrit.

Mais ce manquement «a seulement été identifié comme l'un des problèmes associés à ces événements, et pas comme la cause des morts civils», a-t-il souligné.

Les conclusions de cette enquête ont été présentées lundi au secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, au cours d'une réunion qui a duré environ une heure, a-t-il précisé.

Les décès de civils - souvent provoqués par des raids aériens américains - suscitent une indignation croissante en Afghanistan et des frictions avec le gouvernement de Kaboul. Le président afghan Hamid Karzaï a réclamé début mai la fin des frappes aériennes américaines dans son pays.

Interrogé par le New York Times, qui a révélé l'information mercredi, un responsable militaire américain a affirmé que le nombre de victimes civiles aurait sans douté été moindre si les équipes aériennes américaines et les forces au sol avaient suivi les règles strictes destinées à éviter les victimes civiles.

«Si ces règles avaient été respectées, au moins une partie des frappes aériennes menées contre une demi-douzaine de cibles pendant sept heures auraient été annulées», a indiqué le quotidien.

En 2008, 2 118 civils ont été tués dans les violences en Afghanistan, dont 39% du fait des forces pro-gouvernementales, essentiellement lors de bombardements, selon les Nations unies.