La capitale pakistanaise Islamabad était dimanche en état d'alerte, quadrillée comme jamais par les forces de l'ordre au lendemain d'un attentat suicide qui y a tué deux policiers, alors que les combats entre armée et talibans se poursuivaient dans le nord-ouest.

Les policiers multipliaient les contrôles de véhicules dans les rues de la capitale, postés aux nombreux barrages de blocs de béton installés ces derniers jours, tentant d'éviter de nouveaux attentats au moment où l'armée poursuit son offensive contre les talibans dans le nord-ouest du pays.

La capitale était ainsi quadrillée comme elle ne l'avait jamais été depuis le début de la vague d'attentats rebelles contre les autorités, à l'été 2007.

«La police d'Islamabad est en état d'alerte élevée. Nous avons pris des mesures de sécurité supplémentaires après l'attentat de samedi», a confirmé à l'AFP un responsable policier sous couvert d'anonymat.

Samedi soir, deux policiers ont été tués et trois personnes blessées dans un attentat suicide contre un centre de secours de la police de la capitale.

L'attentat suicide, non revendiqué, était le premier du genre à Islamabad depuis celui qui avait coûté la vie à huit paramilitaires le 4 avril dernier.

Le premier ministre Yousuf Raza Gilani a réagi en réaffirmant sa détermination à éradiquer l'extrémisme, et donc à poursuivre l'offensive lancée fin avril dans le nord-ouest pour mettre fin à la progression des talibans.

À Karachi, la plus grande ville du pays, le chef de la police Javed Bukhari a annoncé dimanche l'arrestation d'un homme venu des zones tribales du nord-ouest, soupçonné de vouloir perpétrer un attentat suicide dans la ville.

Dans le nord-ouest, les combats se poursuivaient près de Mingora, chef-lieu de la vallée de Swat, où les hélicoptères de l'armée bombardaient des repaires de talibans, également traqués au sol par les soldats, selon la police locale.

Dans le district voisin du Haut Dir, où un attentat suicide perpétré en pleine prière dans une mosquée a tué au moins 38 personnes vendredi, un millier d'habitants se sont constitués en milice pour chasser les talibans de trois villages, a annoncé le chef de la police locale, Mohammad Ejaz Ahmed.

Six rebelles présumés ont été tués dans les affrontements, selon le chef de l'administration locale, Atif-ur Rehman.

Les rebelles sont responsables d'une vague sans précédent d'attentats qui a fait plus de 2.000 morts dans le pays depuis juillet 2007.

Le 27 mai à Lahore (est), un autre centre de secours de la police et un immeuble des services secrets pakistanais avaient été la cible d'un attentat qui avait fait au moins 24 morts.

Les talibans pakistanais avaient revendiqué l'attentat, en le présentant comme des représailles à l'offensive militaire en cours de l'armée contre ces combattants islamistes liés à Al-Qaeda, notamment dans la vallée de Swat.

Toujours dans le nord-ouest, des heurts entre groupes talibans rivaux ont fait quatre morts samedi soir dans le district tribal de Bajaur, proche de la frontière afghane, selon un responsable de l'administration locale.

L'affrontement a opposé des membres du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), dirigé par Baitullah Mehsud, le chef rebelle le plus recherché du Pakistan, et une faction dissidente.

Un membre du TTP a été tué, de même que trois membres du groupe rival, ce dernier déplorant également huit blessés, selon M. Khan.

Bajaur fait partie des zones tribales semi-autonomes du Pakistan, devenues un repaire des talibans et de leurs alliés d'Al-Qaeda à partir de la fin 2001, lorsque les premiers ont été chassés du pouvoir dans l'Afghanistan voisin par la coalition militaire menée par les États-Unis.