La coalition soutenue par l'Occident est sortie lundi renforcée après sa victoire sur le camp mené par le Hezbollah qui a reconnu sa défaite aux élections législatives libanaises, mais doit désormais relever le défi d'éviter une nouvelle crise politique.

Le chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, a dit «accepter» les résultats des élections «avec un esprit sportif et démocratique». Mais, a-t-il souligné dans un discours télévisé, «l'opposition a également préservé son poids au sein du Parlement» malgré les «mensonges fabriqués pour faire peur à l'opinion publique» lors de la campagne.

La majorité sortante a obtenu 71 (+4) des 128 sièges à pourvoir du Parlement, contre 57 (+2) pour le Hezbollah et ses alliés, selon les résultats définitifs d'un scrutin salué par Paris, Washington, Riyad et l'ONU.

Le vote des chrétiens, divisés entre les deux camps, a fait pencher la balance en faveur de la majorité, notamment dans la grande ville catholique de Zahlé, à Batroun, dans la région du Koura et la circonscription à majorité chrétienne de Beyrouth.

«C'est un grand jour pour l'histoire du Liban démocratique», avait lancé avant l'aube le chef de file de la majorité Saad Hariri, annonçant la victoire à ses partisans.

Il s'agit d'«une victoire pour la coalition du 14-Mars (nom donné à la majorité) mais aussi d'une défaite pour les Libanais qui aspiraient au changement», a regretté Michel de Chadarevian, un membre du Courant patriotique libre (CPL), dirigé par Michel Aoun, allié chrétien du Hezbollah.

En Syrie, ancienne puissance de tutelle, des journaux ont accusé la majorité d'avoir «acheté des voix».

L'État hébreu, qui a mené une guerre contre le Hezbollah à l'été 2006, a affirmé que le prochain gouvernement libanais devrait empêcher toute attaque anti-israélienne depuis son territoire.

Mais le député du Hezbollah Mohammad Raad a déclaré à l'AFP qu'il était hors de question pour sa milice de désarmer: «Il faut que la majorité s'engage à ce que la 'Résistance' soit un sujet non négociable, (à considérer) que ses armes sont légitimes et qu'Israël est un ennemi».

À Beyrouth, la principale interrogation résidait dans la forme que prendra le prochain cabinet.

Hassan Nasrallah ne s'est pas exprimé sur le futur gouvernement, expliquant qu'il aller «mener des consultations au sein de l'opposition». Il a toutefois appelé à une «coopération» entre les deux parties.

Le Hezbollah, classé comme «terroriste» par Washington, veut un gouvernement incluant l'opposition. La majorité, sans écarter ce scénario, refuse que celle-ci dispose d'un droit de blocage comme c'est le cas dans l'actuel gouvernement d'union.

Le bras de fer entre les deux camps avait provoqué en mai 2008 des affrontements qui ont fait craindre un retour à la guerre civile (1975-90) et fait une centaine de morts.

Les législatives ont connu un taux de participation record en 20 ans, avec 54,08% des 3,2 millions d'inscrits.

Pour prévenir d'éventuelles violences, près de 50 000 soldats et policiers avaient été déployés à travers le pays. Mais une mission d'observateurs de l'Union européenne, qui avait déployé une centaine de personnes, a salué le caractère «paisible» bien que «très polarisé» des législatives.

Le président américain, Barack Obama, a dit espérer que le prochain gouvernement oeuvrerait à la souveraineté et à la stabilité du pays, assurant qu'un tel gouvernement aurait le soutien des États-Unis.

La France a salué la «vitalité de la démocratie» au Liban, appelant au maintien d'un «climat de dialogue».

L'Arabie saoudite, qui soutient la majorité, a félicité les Libanais pour le «succès» de ces élections.

À New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a espéré que «le processus de formation du gouvernement commencera rapidement et se déroulera dans une atmosphère calme et sûre».