Quatre personnes, dont un policier, ont été tuées et 13 autres blessées dans une série de troubles samedi soir et dimanche dans le sud du Yémen, sur fond d'appels à la sécession de cette région, selon un bilan de sources médicales et tribales.

«Un civil atteint d'une balle est décédé en salle d'opération», a indiqué un médecin de la ville de Daleh, à 180 km au nord d'Aden, lieu d'une première marche, ajoutant que cinq autres manifestants avaient été blessés par balle.

Selon des témoins, un échange de tirs a opposé des manifestants armés à des policiers qui tentaient de disperser la marche pendant laquelle des slogans hostiles au gouvernement ont été scandés.

La police est ensuite venue arrêter un blessé dans l'hôpital de Daleh et a été accueillie par des tirs qui ont blessé un policier et un civil, selon ces témoins.

Dans la région de Lahaj, à 80 km au nord d'Aden, deux marches ont eu lieu. Pendant la première, un policier et un civil ont été tués, selon des sources tribales et un civil a été blessé dans la deuxième.

Samedi soir, la police est aussi intervenue pour disperser une marche dans la localité côtière d'Ashshir, dans le sud-est du Yémen. Les heurts entre manifestants demandant la libération de détenus et des policiers usant de leurs armes ont fait un tué et cinq blessés, tous des civils, selon des sources tribales.

Des villes du sud du Yémen, qui était un pays indépendant avant l'unification de 1990, connaissent depuis des semaines une agitation et un mécontentement social, attribués par les autorités de Sanaa à des «éléments séparatistes».

Au total, 16 personnes ont été tuées dans ces violences, dont quatre soldats, depuis le début de l'agitation fin avril.

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh se trouvait dimanche en Arabie saoudite, où il a remercié le roi Abdallah pour «son soutien au Yémen, sa sécurité, sa stabilité et son unité», selon une déclaration publiée par l'agence officielle saoudienne Spa.

Dans un communiqué publié au terme de la réunion hebdomadaire de son conseil des ministres, Bahreïn a apporté son soutien au Yémen face «aux appels séparatistes et aux tentatives de nuire à sa souveraineté et à son unité».

S'estimant victime de discriminations de la part du pouvoir central, une partie de la population de ce qui fut jusqu'en mai 1990 le Yémen du sud, évaluée à quatre millions d'habitants, réclame aujourd'hui l'indépendance.

Fondé en 1967, au moment du départ des Britanniques, le Yémen du sud avait fusionné en 1990 avec le nord, dirigé depuis 1978 par le président Ali Abdallah Saleh, qui était devenu chef du nouvel Etat.

Mais la greffe n'avait pas pris et une tentative de scission du sud avait été noyée dans le sang en 1994 par l'armée du nord, appuyée par des combattants islamistes de retour d'Afghanistan.