L'ex-ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, un des principaux candidats à la présidentielle afghane du 20 août prochain contre le président sortant Hamid Karzaï, a affirmé samedi que ce dernier avait tenté de le rallier à lui en lui proposant un poste prestigieux.

Ces déclarations interviennent au moment même où les deux chefs de guerre à la tête des minorités ouzbèke et hazara, respectivement Abdul Rashid Dostam (10% des voix à la présidentielle de 2004) et Haji Mohammed Mohaqiq (11,7% en 2004) ont apporté samedi leur soutien au président pachtoun (ethnie majoritaire dans le pays) pour le prochain scrutin. «J'ai rencontré Hamid Karzaï jeudi. Il voulait savoir si j'étais déterminé à aller jusqu'au bout ou si je pouvais faire preuve de (...) flexibilité. Et je veux absolument continuer», a déclaré M. Abdullah, un des principaux adversaires du président sortant, dans un entretien avec l'AFP.

«Il m'a demandé +que pensez-vous du poste de secrétaire général du gouvernement ?+ J'ai dit que ce serait au gouvernement élu d'Afghanistan de le nommer. (...) Il sait maintenant que je ne suis pas à vendre», a expliqué le candidat du Front national, parti regroupant l'opposition à M. Karzaï et branche politique de l'Alliance du Nord, ex-coalition militaire majoritairement tadjike ayant renversé les talibans.

À la mi-mai, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, en visite dans le pays, avait indiqué avoir évoqué avec M. Karzaï la manière d'«améliorer la gouvernance du pays», par exemple en créant un poste de premier ministre ou de «secrétaire général chargé de coordonner l'action gouvernementale».

Le président afghan «m'a qu'il était d'accord avec cette proposition, mais que ce n'était pas le moment», a indiqué M. Abdullah.

Le gouvernement de M. Karzaï est régulièrement montré du doigt pour son inefficacité et son incapacité à faire reculer la corruption qui le gangrène.

«J'ai insisté sur le besoin de transparence à ces élections. (...) La situation en Afghanistan est tellement fragile que nous ne pouvons nous permettre des élections contestées», a estimé M. Abdullah.

Tous deux accusés de crimes de guerre pendant la guerre civile (1992-1996), MM. Dostam et Mohaqiq ont apporté leur soutien à M. Karzaï après l'avoir rencontré vendredi, selon un communiqué samedi de l'équipe de campagne du président sortant.

Un porte-parole de M. Dostam a confirmé. M. Mohaqiq, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité s'exprimer.

Le soutien des deux chefs de guerre est un atout majeur pour M. Karzaï, favori du prochain scrutin mais dont la popularité est en forte baisse à cause de son incapacité à endiguer la hausse des violences et de la corruption.

Un autre chef de guerre accusé de crimes de guerre, Mohammad Qasim Fahim, jusque-là figure-clé de l'opposition au sein du Front national, avait rejoint récemment le camp de M. Karzaï, mais ses graves problèmes de santé pourraient l'empêcher de faire campagne, selon Abdullah Abdullah.

Quarante-quatre candidats se sont inscrits pour la présidentielle.