Un électeur iranien sur deux, invité à choisir un nouveau président le 12 juin, a moins de 30 ans. Ce fait n'a pas échappé aux candidats qui se livrent ces jours-ci une bataille sans merci sur le web. Depuis le week-end dernier, le site Facebook est au coeur de la lutte électorale.

Du 23 au 26 mai, les internautes iraniens qui tentaient d'accéder au site de réseautage social recevaient un message en perse leur indiquant que l'accès au site n'était «pas possible».

 

Les médias réformistes du pays ont rapidement accusé le président actuel, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, d'être à l'origine de la «panne» touchant le populaire site. L'ancien maire de Téhéran, qui revendique un second mandat de quatre ans à la présidence iranienne, a souvent été critiqué pour ses tentatives de censure des médias. Sous son règne, plusieurs journaux ont été interdits et nombre de journalistes et blogueurs ont été emprisonnés.

Les critiques d'Ahmadinejad estiment que ce dernier s'en est pris à Facebook pour nuire à son principal adversaire, Mir Hossein Moussavi. Ancien premier ministre de l'Iran - il a servi pendant la guerre Iran-Irak -, ce dernier a gagné beaucoup de terrain auprès des jeunes, en obtenant notamment le soutien de l'ancien président iranien réformiste, Mohammad Khatami, qui a longtemps été le politicien chouchou des jeunes, des femmes et des artistes. Signe de sa popularité, M. Moussavi a récolté 72% des voix lors d'un vote fictif tenu à l'Université de Téhéran. M. Ahmadinejad est arrivé deuxième avec 16% des voix.

En conférence de presse, le président Ahmadinejad a nié avoir orchestré l'interdiction du site. «Notre politique est de donner un maximum de liberté. Plusieurs sites et journaux écrivent des choses défavorables à notre sujet. Un site ne ferait pas la différence», a dit le président.

La réplique à ses explications ne s'est pas fait attendre sur Facebook. Hier, sur les multiples pages consacrées à la politique iranienne, les jeunes internautes s'en donnaient à coeur joie. «Allez, libérez Facebook! Longue vie à la liberté!» peut-on lire en perse sur une page Facebook consacrée aux partisans de Mohammad Khatami.

À la suite de l'incident sur Facebook, Mir Hossein Moussavi a redoublé d'efforts sur la Toile. Le candidat est aussi présent sur Twitter, un autre outil de réseautage mis à profit par Barack Obama au cours de sa campagne électorale.

Les Iraniens, qui ont un accès limité à des médias traditionnels indépendants à l'intérieur de la république islamique, sont particulièrement friands de l'internet. On compte 23 millions d'usagers de la Toile en Iran sur une population de 71 millions.

Avec la collaboration de Laurence Deschamps-Laporte et Habib Yazdi