Vingt-quatre personnes ont été tuées et près de 300 blessées mercredi dans un attentat suicide qui a dévasté un immeuble de la police à Lahore, dans l'est du Pakistan.

Il est survenu à un moment où l'offensive de l'armée contre les talibans liés à Al-Qaïda bat son plein dans le nord-ouest.

Les talibans du Pakistan ont revendiqué cette opération, a annoncé dans un communiqué le SITE, centre américain spécialisé dans la surveillance des sites islamistes.

Cette action est un «humble cadeau à nos frères moujahidine qui gémissent sous les attaques du Pakistan apostat» dans la vallée de Swat (nord-ouest), écrit le Tehrik-e-Taliban Punjab (du nom de la province de Lahore) dans un texte publié sur des sites jihadistes de Turquie et dont l'authenticité n'a pu être confirmée de source indépendante.

Avant même cette revendication, le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, avait attribué l'attentat aux «ennemis du Pakistan», terme employé pour désigner les talibans. «Nous sommes en guerre, en guerre pour notre survie», avait-il ajouté.

Le président pakistanais Asif Ali Zardari a, de son côté, accusé ces militants islamistes de «chercher à provoquer la panique dans la population à travers de tels actes de barbarie».

Trois hommes ont ouvert le feu et lancé des grenades en direction de policiers de faction au coin d'un des immeubles d'un complexe abritant des services de police et le quartier général provincial du principal service de renseignement militaire du pays, le puissant ISI (Inter-Services Intelligence), a expliqué Pervaiz Rathore, chef de la police de Lahore.

Un des assaillants a été tué par des tirs des gardes, les deux autres ont péri lorsqu'une camionnette remplie d'explosifs a sauté à l'extérieur d'un bâtiment situé à côté des locaux de l'ISI.

Le Tehrik-e-Taliban Punjab a précisé que 100 kilos d'explosifs avaient été placés dans le véhicule.

Abritant les services de l'unité de police-secours, l'immeuble a été réduit à un amas de pierres et de tôles, a constaté un photographe de l'AFP. Les autres bâtiments ont subi des dommages, dont celui du QG provincial de l'ISI, où un officier de ces services a trouvé la mort, a dit à l'AFP un des responsables de l'enquête.

«J'ai entendu des coups de feu puis une énorme explosion», a raconté un policier qui sortait en chancelant des décombres.

Cet attentat est le troisième des islamistes en moins de trois mois à Lahore, mégalopole de près de 10 millions d'habitants.

Le 30 mars, sept élèves-policiers et un civil avaient été tués dans l'attaque d'une école de police par un commando armé, revendiquée par les talibans pakistanais.

Le 3 mars, des hommes armés avaient tendu une embuscade à l'autocar transportant l'équipe nationale sri-lankaise de cricket en tournée à Lahore, tuant huit Pakistanais, des policiers pour la plupart, et blessant plusieurs joueurs.

Les zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan, sont devenues le bastion des combattants islamistes pakistanais, qui y ont aidé Al-Qaïda à reconstituer ses forces et les talibans afghans à établir des bases arrière.

Il y a deux ans, ils avaient pris le contrôle de la vallée de Swat, à une centaine de kilomètres seulement d'Islamabad, capitale de la seule puissance militaire nucléaire du monde musulman, entraînant d'intenses pressions de Washington pour enrayer cette progression.

Le 26 avril, l'armée a lancé une vaste offensive et, en un mois, elle a assuré avoir repris une grande partie de la vallée et tué près de 1 200 talibans.

L'attaque de mercredi porte à environ 1 800 le nombre des morts en moins de deux ans dans une vague d'attentats qui ensanglante le Pakistan depuis que les talibans pakistanais, et Oussama ben Laden lui-même, ont déclaré le «jihad», la guerre sainte, à Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» poursuivie par les Etats-Unis.