La Cour suprême du Pakistan a levé mardi l'interdiction faite au principal leader de l'opposition et ancien premier ministre Nawaz Sharif de se présenter à une élection, au moment où le pouvoir de son rival, le président Asif Ali Zardari, est fortement contesté.

Les précédentes décisions de justice qui rendaient Nawaz Sharif inéligible «sont suspendues», lit-on dans le jugement de la Cour suprême. M. Sharif, chef de la Ligue Musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) était rentré au Pakistan en novembre 2007 après sept années d'exil pour échapper à des condamnations à la prison à vie après son éviction en 1999 lors d'un putsch militaire.

Depuis, il était resté inéligible en raison de ces condamnations, notamment pour corruption et trahison, émises par la justice sous le régime du général putschiste d'alors, Pervez Musharraf.

Le jugement de la Cour suprême lève un premier obstacle à la possibilité pour M. Sharif de redevenir chef du gouvernement au moment où La Presse spécule sur cette hypothèse face à l'impopularité croissante de M. Zardari.

Mais il faudrait pour cela des élections législatives anticipées, les prochaines étant prévues en 2013, et le vote d'un amendement à la Constitution, qui interdit actuellement à tout premier ministre d'occuper plus de deux fois ce poste.

Car M. Sharif a dirigé le gouvernement par deux fois dans les années 1990, en alternance avec sa rivale Benazir Bhutto, l'épouse de M. Zardari, assassinée le 27 décembre 2007 dans un attentat suicide attribué aux islamistes liés au réseau Al-Qaeda.

Lors des législatives de février 2008 qui ont mis un terme au pouvoir du président Musharraf, la PML-N était arrivée en seconde position derrière le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de M. Zardari, lequel avait succédé à son épouse à la tête du parti après son décès en pleine campagne électorale.

Après de multiples querelles, les ministres PML-N avaient quitté en août 2008 le gouvernement de coalition dirigé par le PPP.

Face aux difficultés éprouvées par l'actuel gouvernement pour faire face à la crise économique et, surtout, à la violence croissante et à la progression des talibans liés à Al-Qaeda dans le nord-ouest du pays, M. Zardari est de plus en plus critiqué et M. Sharif apparaît, dans La Presse, comme un recours.

Dans les années 1990, aussi bien les périodes au gouvernement de Mme Bhutto que celles de M. Sharif avaient été entachées de nombreux scandales de corruption et de détournements de fonds.

M. Zardari, encore couramment surnommé «M. 10%» au Pakistan pour les dessous-de-table qu'il était accusé de prélever sur les marchés publics dans les années 1990, avait été éclaboussé par ces scandales, qui lui avaient valu huit années de prison.

MM. Sharif et Zardari ont toujours nié ces accusations, les qualifiant de manipulations politiques.