Le chef des talibans de la vallée de la Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, a ordonné à ses hommes de se retirer du chef-lieu Mingora, pris d'assaut par l'armée depuis samedi, mais a promis de poursuivre ailleurs la «guerre sainte», a annoncé lundi son porte-parole.

Dans le même temps, les militaires ont annoncé qu'ils continuaient de reprendre le contrôle rue par rue de cette ville quasiment vidée de ses habitants selon eux, rencontrant dans certains quartiers une «forte résistance».

Le chef des talibans «le maulana Fazlullah a ordonné à tous ses moudjahidines (combattants au nom de la religion, ndlr) de cesser toute résistance à Mingora et ses environs pour soulager les habitants et éviter des pertes parmi les civils», a déclaré à l'AFP Muslim Khan, porte-parole de Fazlullah, par téléphone depuis un endroit inconnu.

«La plupart de nos moudjahidines ont quitté Mingora», a-t-il assuré, ajoutant: «Nous nous battrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang pour l'application de la charia (la loi islamique)».

«La voie est maintenant ouverte pour le gouvernement et, s'il est sincère quand il parle de protéger les gens, il devrait les ramener des camps, nous ne l'en empêcherons pas», a affirmé aussi Muslim Khan.

Islamabad a promis à plusieurs reprises ces derniers temps «d'éliminer» les talibans et l'armée encercle Mingora depuis deux semaines. Elle se contentait de bombarder certains quartiers jusqu'au lancement de l'assaut terrestre samedi.

La très grande majorité des quelque 300 000 habitants de Mingora ont fui les combats depuis deux semaines et font partie d'une vague impressionnante de quelque 2,4 millions de déplacés depuis le début d'une vaste offensive de l'armée, il y a un mois, pour déloger ces talibans liés à Al-Qaeda de la vallée de la Swat et ses environs, dont ils avaient pris progressivement le contrôle ces deux dernières années.

Cependant, si de nombreux témoignages de déplacés font état de terribles sévices commis par les talibans, la plupart évoquent aussi les bombardements sans discernement de l'armée, qui ont tué de nombreux civils à Mingora et ailleurs.