Des soldats pakistanais sont entrés dans la principale ville de la vallée de Swat, dans le nord-ouest du pays, où ils continuaient à affronter les rebelles talibans, a annoncé samedi un porte-parole de l'armée, le général Athar Abbas.

Selon le général Abbas, les insurgés ont été chassés par l'armée de plusieurs quartiers de Mingora, chef-lieu du district de Swat, et 17 rebelles, dont un important commandant, ont été tués ces dernières 24 heures dans les combats, près d'un mois après le début de l'offensive de l'armée. L'assaut contre Mingora, une ville dont la population était estimée à environ 300 000 personnes avant que la plupart ne fuient les combats, est une étape cruciale de l'offensive menée dans cette vallée pittoresque, autrefois le premier site touristique du Pakistan.

La prise de la ville, qui était contrôlée par les talibans depuis plusieurs semaines, est essentielle pour que l'armée pakistanaise puisse se targuer d'avoir remporté la victoire dans la région de Swat.

L'armée a assuré avoir tué plus de 1 100 talibans en presque quatre semaines d'offensive et reconnu avoir perdu seulement 58 soldats. Mais ces informations sont impossibles à vérifier, la zone des combats étant bouclée par les militaires.

De nombreux témoignages de personnes déplacées font cependant état de bombardements sans discernement de l'armée qui ont fait de nombreuses victimes civiles, les militaires n'ayant engagé les combats au sol que depuis quelques jours.

«Aujourd'hui, la phase la plus importante de l'opération de dégagement de Mingora a commencé», a affirmé l'armée dans un communiqué en anglais publié sur son site Internet.

«Ces dernières 24 heures les (troupes) sont entrées à Mingora, 17 terroristes, dont un important commandant ont été tués», ajoute-t-elle.

L'armée a fait état d'échanges de tirs nourris et affirmé qu'un kamikaze avait été tué et qu'un autre véhicule piégé avait été détruit.

Elle a progressivement resserré son étau autour de la ville, jusqu'à couper samedi l'approvisionnement des insurgés, selon le général Abbas.

«Mingora a été encerclé et le ravitaillement coupé», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Vendredi, il avait précisé à la presse que 10% seulement de la population se trouvait encore dans la ville.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), avait déclaré en début de semaine que «les habitants de Mingora disent que les talibans ont miné la ville et empêchent de nombreux civils de s'en échapper afin de s'en servir comme boucliers humains».

«L'armée ne semble pas prendre les précautions nécessaires dans ses bombardements aériens (..) qui ont provoqué d'importantes pertes humaines dans la population civile», ajoutait HRW.

Inquiets notamment pour l'arsenal nucléaire pakistanais, alors que les rebelles était parvenus jusqu'à 100 km de la capitale Islamabad, les États-Unis, dont le Pakistan est l'allié-clé dans leur «guerre contre le terrorisme», avaient multiplié les pressions pour que l'armée lance enfin une vaste offensive contre les talibans, notamment à Swat.

La secrétaire d'État Hillary Clinton a loué mardi le «changement de l'état d'esprit» de l'opinion et des dirigeants pakistanais en vue d'endiguer militairement la progression de ces combattants islamistes liés à Al-Qaeda. Et elle a annoncé une aide américaine d'urgence de plus de 100 millions de dollars pour les déplacés.