Un tribunal du Caire a condamné jeudi à la peine capitale un puissant homme d'affaires et député égyptien et son complice présumé pour l'assassinat de la chanteuse libanaise Suzanne Tamim, retrouvée morte dans son appartement de Dubaï en juillet dernier.

L'assassinat de la chanteuse aux yeux verts, âgée de 30 ans, avait provoqué une onde de choc dans tout le monde arabe, notamment en raison de l'arrestation d'un haut personnage considéré comme intouchable.

Hisham Talaat Moustafa, un influent promoteur immobilier proche de l'un des fils du président Hosni Moubarak, Gamal, était accusé d'avoir payé un ancien policier, Mohsen el-Sukkary, la somme de deux millions de dollars pour tuer Suzanne Tamim.

À l'énoncé du verdict, les deux filles du milliardaire égyptien ont fondu en larmes tandis que sa soeur s'évanouissait.

Suzanne Tamim avait été retrouvée morte en juillet 2008 dans son appartement de Dubaï, le corps transpercé de coups de couteau et la gorge tranchée. Et l'enquête est rondement menée. Très vite, les soupçons se portent sur Moustafa, rapidement accusé d'avoir payé l'ancien membre de la Sécurité d'État égyptienne El-Sukkary, employé d'un des hôtels Four Seasons propriété de Moustafa en Égypte. Il aurait obtenu visas et billets d'avion pour pister la chanteuse, à Londres puis à Dubaï.

Un mois plus tard, Hisham Talaat Moustafa était privé de son immunité parlementaire et arrêté, soupçonné d'avoir commandité le meurtre.

Le 18 octobre dernier, à l'ouverture de ce procès qui a passionné tout le Proche-Orient, les avocats du milliardaire avaient réclamé sa mise en liberté sous caution, mettant en avant les risques économiques pour son groupe, «11 sociétés et 60 000 employés». Les juges ont refusé.

Au cours du procès, l'accusation a présenté une dizaine de témoins, y compris des policiers émiratis, pour ce procès sous haute sécurité, le tribunal dans le centre du Caire étant gardé par de nombreux policiers anti-émeutes que des échauffourrées ont opposées aux nombreux représentants des médias venus couvrir le procès.

Moustafa, est en effet un proche du fils du président égyptien, Gamal Moubarak. C'est l'un des principaux milliardaires d'Égypte, propriétaire d'hôtels de luxe et d'installations balnéaires, est l'un des principaux promoteurs des nouvelles banlieues à l'occidentale destinée à la bourgeoisie tout autour du Caire.

Suzanne Tamim avait connu la gloire à la fin des années 90, avant de connaître des temps difficiles, se séparant de son époux et manager libanais, qui l'a poursuivie en justice. Selon ses proches, elle était partie s'installer à Dubaï pour mettre un point final à une relation amoureuse avec Moustafa, qui est marié.

Selon les enquêteurs de Dubaï, Mohsen el-Sukkary aurait tué la jeune femme le 28 juillet, entrant chez elle en se faisant passer pour un employé de la société qui lui avait récemment vendu son appartement dans un complexe luxueux. L'arme du crime et les vêtements qu'il portait auraient ensuite été retrouvés, avec des traces d'ADN le mettant en cause.