Trois personnes ont été tuées par balles et 30 blessées jeudi dans des heurts entre policiers et manifestants à Aden dans le sud du Yémen, à la veille du 19e anniversaire de l'unification du pays, a-t-on appris auprès de la police.

Selon des témoins, la police a tiré à balles réelles et fait usage de gaz lacrymogène pour disperser quelque 3000 manifestants, rassemblés dans le quartier de Cheikh Othmane pour protester contre la détérioration des conditions de vie dans le sud du pays.

Les morts sont «des civils», et 120 manifestants ont été arrêtés, ont précisé les témoins.

Une source policière à Aden, contactée par l'AFP depuis Sanaa, a fait état de «trois personnes tuées et 30 blessées lorsque les forces de sécurité sont intervenues pour disperser une manifestation».

Au moment de l'intervention de la police, les manifestants, qui voulaient se rendre dans un quartier voisin, se sont dispersés en petits groupes. L'un de ces groupes, formé de centaines de manifestants, s'est dirigé vers un hôpital à Mansoura, où ont été transportés des blessés, selon les témoins.

La situation était tendue en début d'après-midi à Aden, où la plupart des commerces ont baissé leurs rideaux alors que les forces de sécurité acheminaient des renforts, ont indiqué des habitants.

Les heurts sont survenus alors que se tenait à Sanaa un grand défilé militaire en présence du président Ali Abdallah Saleh, marquant le 19e anniversaire de l'unification du Yémen du nord et du Yémen du sud, proclamée le 22 mai 1990.

La tension montait ces derniers mois dans le sud du Yémen, exacerbée par les retombées de la crise économique mondiale dans ce pays pauvre de la Péninsule arabique et par un rebondissement de tendances sécessionnistes.

Au moins huit personnes avaient péri dans des troubles fin avril et début mai dans des provinces du Sud lors de manifestations attribuées à d'anciens responsables civils et militaires sudistes voulant provoquer une scission.

L'unification du Yémen avait fait suite à une guerre ayant opposé le Nord au Sud. Une tentative de scission avait eu lieu en 1994 mais avait échoué.