Des munitions américaines destinées aux forces afghanes ont abouti entre les mains des talibans, ce qui les aide à mener depuis des années une insurrection contre des forces afghanes et américaines mieux équipées matériellement, rapporte mercredi le New York Times.

Selon le quotidien, sur 30 chargeurs de fusils récupérés sur les corps d'insurgés talibans dans l'est de l'Afghanistan le mois dernier, au moins 17 contenaient des cartouches ou des douilles, «identiques» aux munitions fournies par les États-Unis aux forces afghanes. Même si «l'étendue du détournement (d'armes et de munitions) reste inconnue», le quotidien souligne qu'un «manque de discipline et une franche corruption au sein des forces afghanes peuvent avoir aidé les insurgés à rester approvisionnés». En outre, note le New York Times, les contrôles sur les armes et les munitions exercés par Washington et Kaboul sont «irréguliers».

Après des critiques sur le manque de suivi de milliers d'armes fournies aux forces de sécurité afghanes, le Pentagone a établi récemment une base de données et a fait de cette question l'une de ses priorités.

Le passage d'armes américaines aux mains des insurgés est «vraiment l'un des pires scénarios», a déclaré au quotidien le général Anthony Ierardi, l'un des militaires chargés de l'entraînement et du ravitaillement des forces afghanes.

Mais aucune traçabilité n'a été mise en place pour les munitions, bien plus difficiles à traquer que les armes.

Des responsables militaires ont indiqué au New York Times que les forces américaines n'examinaient pas systématiquement les armes récupérées auprès des talibans, ni ne cherchaient à savoir si le gouvernement afghan approvisionnait - même indirectement - les insurgés.

Les attaques des insurgés afghans, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les États-Unis, ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de 70 000 soldats étrangers, auxquels vont se joindre 21 000 renforts américains dans les prochains mois.