L'OTAN a annoncé mercredi la mort de huit civils dans un raid aérien en Afghanistan, au moment où l'armée américaine admettait en avoir tué «20 à 30» début mai dans des circonstances similaires, nouvelles bavures venant alimenter la polémique sur le recours aux frappes aériennes.

Ces révélations surviennent alors que le président afghan Hamid Karzaï réclame avec insistance l'arrêt des bombardements jugés trop meurtriers pour les civils. La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN a effectué mardi une frappe aérienne à Nawa, au sud de Lashkar Gah, dans la province du Helmand (sud), bastion des talibans et première zone de production d'opium du pays.

«Une patrouille de l'Isaf a été attaquée» par «environ 25 insurgés. (...) Un avion a aidé les soldats en larguant une bombe qui a mis fin aux combats», tuant également huit civils, explique un communiqué.

Selon l'Isaf, «les insurgés ont une fois de plus utilisé des civils comme boucliers humains».

Ces morts surviennent après une longue série de bavures dues aux frappes aériennes dont les civils sont les premières victimes.

L'une des plus graves depuis l'arrivée des forces étrangères fin 2001 avait eu lieu le 4 mai, dans la province de Farah (sud-ouest), lorsque l'aviation américaine avait bombardé le district de Bala Buluk.

Mercredi, l'armée américaine a reconnu, selon des résultats d'enquête partiels, la mort de «20 à 30 civils» et «60 à 65 insurgés».

Elle se contentait jusque-là de déplorer un «certain nombre» de civils tués, sans donner d'estimation chiffrée.

Une enquête ordonnée par le président afghan avait conclu que 140 civils avaient péri dans ces frappes.

L'émoi avait été vif à l'annonce de ce bilan, qui a fait réagir jusqu'au président américain Barack Obama.

«Les enquêteurs continuent leur travail pour tenter de confirmer le nombre de victimes» et transmettront leurs informations au gouvernement afghan et au Comité international de la Croix-Rouge, indique l'armée américaine.

Ils n'ont pu ouvrir les tombes des victimes, action culturellement inacceptable, a précisé un porte-parole de l'armée américaine, le colonel Greg Julian.

Le 3 mai, des «combattants talibans (...) s'étaient rassemblés dans les villages de Ganj Abad et Grani, demandant de l'argent aux villageois» et tuant «trois ex-représentants gouvernementaux», explique l'armée américaine dans un communiqué.

La police et l'armée afghanes, rendues sur place, avaient «été prises en embuscade par 200 à 300 talibans», lit-on dans le document. Appelée en renfort, l'armée américaine dit avoir ordonné deux frappes aériennes, l'une exécutée par un chasseur F-18, l'autre par un bombardier B-1.

Cinq policiers afghans ont été tués au cours des affrontements, selon la même source.

La précédente bavure de même ampleur remonte au mois d'août lors de raids aériens américains dans la province de Herat (ouest). Les autorités afghanes et les Nations Unies avaient conclu à la mort d'environ 90 civils, l'armée américaine dénombrant 33 civils et 22 insurgés tués.

Hamid Karzaï a demandé l'arrêt total des raids aériens peu après le drame de Farah, où il s'est rendu mardi pour réitérer cette exigence devant des survivants des frappes.

L'armée américaine a annoncé qu'elle allait revoir l'emploi de sa force aérienne afin de réduire les risques encourus par les civils.

Une semaine après les raids à Bala Buluk, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates avait annoncé le remplacement du commandant des forces américaines en Afghanistan.