Des milliers de Palestiniens, répondant à un appel du mouvement islamiste Hamas, ont manifesté vendredi dans la bande de Gaza pour marquer le 61e anniversaire de la «Nakba», la «catastrophe» que fut pour eux la création d'Israël en 1948.

Les manifestants, rassemblés à Jabaliya, brandissaient des drapeaux palestiniens et des bannières vertes du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza.

Ils portaient aussi des pancartes avec les noms de villages rasés par les forces israéliennes en 1948. «Israël est une entité cancéreuse qui doit sa création au terrorisme et à l'injustice», pouvait-on lire sur un calicot.

«Nous retournerons à Jaffa (près de Tel-Aviv) et sur toutes nos terres» et «nous ne reconnaîtrons pas Israël», scandaient-ils.

Haranguant la foule, une figure du Hamas, Ahmad Bahar, a affirmé que les Palestiniens ne céderaient «jamais sur le droit au retour» sur leurs terres et ne renonceraient pas à la «résistance» contre Israël.

Il a critiqué le pape Benoît XVI pour n'avoir pas visité la bande de Gaza lors de son pèlerinage en Terre Sainte, qu'il a achevé vendredi.

«Nous disons au pape: pourquoi vous n'êtes pas venu à Gaza pour voir notre holocauste? Il a usé d'une politique de deux poids deux mesures en apportant un soutien à l'occupant (Israël) sans tenir compte de l'épreuve du peuple palestinien».

La bande de Gaza, où plus de 1.400 Palestiniens ont été tués lors d'une offensive israélienne en décembre/janvier, est soumise à un blocus israélien depuis la prise de contrôle par le Hamas en juin 2007.

Lors de sa visite, le pape a assuré la population de Gaza de sa «profonde compassion» et dit prier pour la levée du blocus israélien.

Quelque 760.000 Palestiniens --aujourd'hui quelque 5 millions avec leurs descendants-- ont été poussés à l'exode lors de la création d'Israël, qui refuse d'entendre parler de leur retour.

En Cisjordanie, où la principale manifestation de la Nakba avait eu lieu jeudi à Ramallah, quelque 500 personnes ont marqué l'occasion vendredi en protestant dans les village de Bilin et Nilin, près de la barrière de séparation érigée par Israël.

Quatorze manifestants ont été légèrement blessés par des balles caoutchoutées tirées par des soldats israéliens pour les disperser, selon le services de secours palestiniens.

«Soixante et un ans se sont écoulés depuis la Nakba, qui a frappé notre peuple et qui constitue un drame sans précédent dans l'Histoire. Les images de déracinement, d'exode, de mort, d'emprisonnement et des tentatives d'oblitérer notre identité et notre existence restent vivaces», a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas dans un discours télévisé jeudi soir.

«Le sang versé par des milliers de martyrs et les souffrances endurées par des milliers de prisonniers ne seront pas vains car l'occupation est vouée à la disparition et la liberté nous est promise. L'Etat palestinien indépendant verra le jour et nous verrons des lendemains sans un seul réfugié languissant en exil ni un seul prisonnier dans les geôles de l'occupation», a-t-il ajouté.

Citant notamment la colonisation et la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie, il a affirmé que la politique israélienne actuelle conduirait «à la poursuite de la violence et à l'escalade pour qu'elle englobe toute la région».