Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a apporté mardi un soutien implicite au président Mahmoud Ahmadinejad à un mois de la présidentielle du 12 juin, en dressant le portrait du candidat idéal, conforme à l'image que le président veut donner de lui-même.

«Je ne me prononce pas sur les personnes, mais je donne les critères (pour le choix du meilleur candidat, ndlr). Il vaut mieux choisir quelqu'un qui comprend les problèmes des gens, qui vient du peuple et qui ne cherche pas (à faire partie de, ndlr) l'aristocratie», a déclaré l'ayatollah Khamenei.

Il s'exprimait lors d'un discours en public à Sanandaj, chef lieu de la province du Kurdistan, retransmis en direct par la télévision d'Etat.

En faisant cette déclaration, le numéro un iranien, qui a le dernier mot dans les grandes affaires du pays, a clairement montré son penchant.

Ces dernières années, il a répété à plusieurs reprises qu'il se faisait un devoir de soutenir tout président élu, mais que M. Ahmadinejad était plus proche des idéaux de la révolution que ses prédécesseurs.

En août 2008, en recevant le président et son gouvernement, il leur avait demandé de préparer un programme «pour les cinq prochaines années». Le mandat présidentiel est de quatre ans.

«Le plus important est que les responsables ne cherchent pas à faire partie de l'aristocratie, car dans ce cas, comment peut-on demander aux gens de ne pas chercher à aller vers l'aristocratie» et de réduire leur train de vie, a-t-il dit mardi.

Le président Ahmadinejad a accusé ses deux prédécesseurs, le réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) et le conservateur Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997), de s'être éloigné des valeurs de la révolution, notamment en oubliant le petit peuple au profit des riches.

M. Khamenei a baptisé l'anné iranienne, commencée en mars, comme étant celle de la «réforme du modèle de consommation et des économies».

Le guide suprême a également ajouté que tous les candidats «approuvés par le Conseil des gardiens sont qualifiés», mais il a demandé aux électeurs de «choisir le meilleur» car «on ne peut pas se contenter du minimum».

Le président Ahmadinejad aime à se présenter comme un «homme du peuple» et un simple «serviteur des gens». A chacun de ses déplacements, il se fait un devoir d'aller dans les quartiers les plus miséreux pour rencontrer les «déshérités».

M. Khamenei a aussi dénoncé ceux qui critiquent la situation économique du pays et reprochent au gouvernement sa politique, en se référant aux principaux concurrents de M. Ahmadinejad pour l'élection.

«On entend des choses bizarres (...) Les chers candidats doivent faire attention pour ne pas perturber l'esprit des gens en disant des contre-vérités. Je connais mieux que tous ces messieurs la situation et je sais que beaucoup de choses qu'ils disent sur la situation du pays sont contraires à la réalité et ils se trompent», a-t-il déclaré.

L'élection présidentielle iranienne aura lieu le 12 juin prochain.

Les principaux candidats inscrits n'ont cessé de critiquer le président Ahmadinejad.

Au premier chef, le conservateur Mohsen Rezaï, ancien chef des Gardiens de la révolution, et actuel secrétaire du Conseil de discernement du régime, principal organe d'arbitrage du régime.

Mais aussi le réformateur Mehdi Karoubi, ancien président du Parlement, et l'ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, un conservateur modéré soutenu par l'ancien président réformateur Mohammad Khatami et les principaux partis réformateurs.