La journaliste irano-américaine Roxana Saberi a été libérée lundi à Téhéran après la réduction en appel à deux ans avec sursis de sa peine de huit ans de prison pour espionnage au profit des Etats-Unis.

«Je vais bien, je ne veux pas faire de commentaires mais je vais bien», a dit Mlle Saberi à l'AFP en sortant de la prison d'Evine, avant de quitter les lieux en voiture en compagnie de son père Reza Saberi.

«Sa peine a été réduite à deux ans avec sursis», a dit à l'AFP son avocat Salahe Nikbakht, alors que son deuxième avocat, Abdolsamad Khoramshahi, a expliqué que «cela dépend d'elle si elle veut quitter le pays ou pas».

Une source judiciaire a confirmé à l'AFP qu'«elle est libre de faire ce qu'elle veut comme tout citoyen disposant d'un passeport, et peut aller et venir à sa guise».

M. Saberi a dit à la chaîne américaine CNN qu'il entendait ramener sa fille aux Etats-Unis «dès que possible», une fois effectués les préparatifs de voyage.

Mlle Saberi était attendue par son père à la sortie de la prison, où elle était détenue depuis janvier.

La journaliste avait été condamnée le 13 avril par le tribunal révolutionnaire à huit ans de prison pour espionnage au profit des Etats-Unis, à l'issue d'un procès à huis clos.

Ce verdict avait suscité des condamnations dans le monde et des appels à sa libération notamment du président américain Barack Obama.

Son procès en appel s'est tenu dimanche. Roxana Saberi était entrée dans le tribunal escortée par trois gardes. Portant un tchador bleu sombre et des sandales blanches, elle paraissait pâle et troublée.

Le même jour, Me Khoramshahi avait déclaré que sa cliente avait été condamnée en première instance pour «coopération avec un Etat hostile» selon l'article 408 du code pénal.

Mais «le verdict du premier tribunal a été annulé avec l'argument que les Etats-Unis ne sont pas un Etat hostile envers l'Iran», a expliqué ensuite Me Nikbakht.

Selon lui, la peine délivrée en appel a été justifiée par le fait que «sa cliente avait réuni des documents secrets».

Arrêtée fin janvier à Téhéran, la journaliste avait entamé une grève de la faim le 21 avril pour protester de sa condamnation. Elle l'avait arrêtée environ deux semaines plus tard.

Elle avait dit avoir été convaincue par les enquêteurs de faire de faux aveux en échange d'une promesse, non tenue, de libération rapide.

La journaliste, 32 ans, est née et a été élevée aux Etats-Unis. De nationalité américaine, elle a aussi la citoyenneté iranienne par son père, émigré aux Etats-Unis.

Elle collaborait à plusieurs médias étrangers depuis Téhéran, où elle s'était installée en 2003, jusqu'au retrait de sa carte de presse par les autorités en 2006.

Peu après sa condamnation en avril, le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad et le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi, avaient demandé au tribunal révolutionnaire de porter la plus grande attention à l'appel de la sentence.

Les trois juges de la cour d'appel avaient appliqué la consigne en consacrant plus de trois heures à la session, alors que le procès en première instance avait duré moins d'une heure.

L'affaire intervient alors que l'administration américaine a multiplié les gestes d'ouverture envers la République islamique, pour renouer un dialogue interrompu depuis presque trente ans, après la révolution de 1979.