Le procès en appel de la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, condamnée à huit ans de prison pour espionnage au profit des Etats-Unis, se tiendra dans la semaine iranienne qui commence samedi, a annoncé mardi le pouvoir judiciaire.

Depuis sa condamnation, les autorités américaines, et notamment le président Barack Obama, ont multiplié les appels à la libération de la journaliste, alors que sa détention coïncidait avec une offre de dialogue de Washington envers Téhéran.

Le procès à huis clos «se tiendra au cours de la prochaine semaine» iranienne, a dit le porte-parole du pouvoir judiciaire Alireza Jamshidi dans un point de presse.

«L'avocat, le ministère des Renseignements et le représentant du Parquet ont été informés de la nécessité de participer à la séance» du tribunal, a-t-il ajouté.

La journaliste, âgée de 32 ans et arrêtée fin janvier à Téhéran où elle résidait depuis 2003, a été condamnée début avril à huit ans de prison pour espionnage au profit des Etats-Unis.

Détenue dans la prison d'Evine, dans le nord de la capitale iranienne, elle a entamé une grève de la faim le 21 avril, ne s'alimentant plus qu'avec de l'eau sucrée.

Selon son père, Reza Saberi, elle a été brièvement hospitalisée vendredi dernier après avoir cessé d'absorber de l'eau. Elle entendait ainsi protester contre le démenti du pouvoir judiciaire iranien qu'elle faisait une grève de la faim.

M. Jamshidi a de nouveau nié mardi que la journaliste fasse cette grève. Le procureur-adjoint de Téhéran, Hassan Haddad, «a dit que sa santé est parfaite, qu'elle ne fait pas de grève de la faim et et qu'elle n'a aucun problème physique», selon le porte-parole.

Née et élevée aux Etats-Unis, Roxana Saberi est Iranienne par son père, devenu citoyen américain. Mais la République islamique ne reconnaît pas le principe de la double nationalité et la considère uniquement comme iranienne.

Elle collaborait à plusieurs médias étrangers depuis Téhéran jusqu'au retrait de sa carte de presse par les autorités en 2006.

Sa condamnation avait été dénoncée par la communauté internationale. Barack Obama avait affirmé que Roxana Saberi «est une citoyenne américaine et je suis absolument certain qu'elle n'était impliquée dans aucune sorte d'activité d'espionnage».

Le président du Parlement européen (PE) Hans-Gert Pöttering a exigé lundi sa libération «immédiate et sans conditions», tout en craignant «qu'elle ne serve de pion dans ces développements politiques» en allusion aux appels au dialogue de l'Occident à propos du programme nucléaire controversé iranien et à l'élection présidentielle iranienne de juin prochain.

Des appels à la clémence sont aussi intervenus dans la société civile.

Le Centre de Doha pour la liberté d'information, basé au Qatar, s'est dit lundi «très inquiet» pour la santé de Roxana Saberi. Dans un communiqué, il a réaffirmé que les accusations d'espionnage portées contre elle étaient «ineptes».

En signe de solidarité avec la journaliste quatre membres de Reporters dans frontières, dont son secrétaire général Jean-François Julliard, ont suivi pendant six jours, à Paris, une grève de la faim.

Dimanche, quatre autres membres de RSF aux Etats-Unis ont pris le relais pour réclamer sa libération, à l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse.