Au moins 48 personnes ont péri mercredi dans une série d'attentats à Bagdad, dont six perpétrés à l'aide de voitures piégées, faisant du mois d'avril le plus sanglant depuis le début de l'année avec plus de 300 morts et près de 700 blessés, en grande majorité chiites.

L'explosion presque simultanée de trois voitures piégées sur trois marchés de Sadr City a fait au moins 41 morts et plus de 60 blessés.

«Au moins 41 personnes ont été tuées et 68 blessées dans les explosions», a déclaré un responsable du ministère de l'Intérieur, dont le bilan a été confirmé de sources hospitalières.

Une source au ministère de la Défense a de son côté fait état de 45 morts et 63 blessés.

«Les explosions ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle à partir de 16h30», une heure où les marchés sont bondés, a précisé un responsable de la police de Sadr City, dans le nord-est de la ville.

Il a ajouté que des femmes et des enfants figuraient au nombre des victimes.

Bastion des partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr, Sadr City a un temps été l'un des quartiers les plus dangereux de la capitale, jusqu'à ce que les forces irakiennes et américaines rétablissent l'année dernière le calme dans le plus grand quartier déshérité de Bagdad.

Peu après les attentats, des dizaines d'habitants du quartier sont descendus dans les rues pour manifester leur colère contre les forces de sécurité en les accusant de mal protéger la population et de travailler avec l'armée américaine, avant de lancer sur eux des projectiles. L'armée a tiré en l'air pour disperser la foule.

Par ailleurs, deux autres voitures piégées, garées près d'une mosquée chiite dans le quartier de Houriyah (ouest) a fait deux morts et huit blessés, selon une source du ministère de l'Intérieur. Le ministère de la Défense fait état de trois morts.

Cinq personnes ont en outre été blessées en début de soirée dans un attentat à la voiture piégée dans le quartier de Dora (sud).

Enfin, une bombe a explosé dans l'après-midi près d'un minibus du quartier mixte (chiite-sunnite) de Hor Rijab (sud), tuant cinq hommes et blessant trois autres, a annoncé un responsable du ministère de l'Intérieur.

Après une baisse graduelle des violences en 2008, l'Irak est depuis février le théâtre d'un net regain de violences, notamment à Bagdad, et dans les provinces de Ninive et Diyala.

Vendredi, deux femmes kamikazes ont fait détoner leur charge explosive près du mausolée de l'Imam Moussa al-Kadhim, dans le quartier chiite de Kazimiyah, tuant 65 personnes, dont un grand nombre d'Iraniens.

La veille, au moins 56 personnes, dont plusieurs pèlerins chiites, avaient péri dans un attentat suicide dans un restaurant de Mouqdadiyah, au nord-est de Bagdad, dans la province de Diyala.

Avril est à ce stade le mois le plus meurtrier depuis le début de l'année en Irak, avec plus de 300 morts, selon un bilan de l'AFP établi auprès de responsables des forces de sécurité.

Les violences avaient fait 191 morts en janvier, 258 en février et 252 en mars.

Ce regain de violence s'inscrit dans un contexte sensible pour l'Irak, puisqu'aux termes de l'accord de sécurité signé en novembre entre Bagdad et Washington, les forces américaines doivent avoir quitté les villes irakiennes avant la fin juin. Leur retrait total du pays doit intervenir avant la fin 2011.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, avait estimé samedi, lors d'une visite à Bagdad, que ces violences ne sauraient remettre en question le processus de stabilisation de l'Irak engagé depuis un an.