L'Iran a répondu favorablement mercredi à une demande des grandes puissances de reprise du dialogue sur son programme nucléaire controversé tout en affirmant qu'il poursuivrait ses activités atomiques.

«La République islamique, en remettant à jour son offre de l'an dernier, annonce être prête à un dialogue et une interaction constructifs», selon un communiqué du bureau du secrétaire du Conseil suprême iranien de la sécurité nationale Saïd Jalili.

Les Etats-Unis et les cinq autres puissances du groupe des Six (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne, Russie) avaient souhaité le 8 avril reprendre le dialogue pour convaincre l'Iran de suspendre son programme nucléaire. Le dialogue est interrompu depuis septembre dernier.

Dans son communiqué, le Conseil affirme toutefois que l'Iran «poursuivra ses activités nucléaires».

L'Iran continue notamment son enrichissement d'uranium, malgré l'exigence de suspension contenue dans cinq résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont trois assorties de sanctions.

Les Six avaient annoncé le 8 avril qu'ils allaient demander à Javier Solana, Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, d'inviter le gouvernement iranien à de nouvelles discussions «pour qu'ensemble nous trouvions une solution politique à cette question cruciale».

Ils avaient réaffirmé à cette occasion leur «résolution commune et détermination collective» à résoudre par le moyen de la «diplomatie directe» la question du nucléaire iranien.

Mais ils ajoutaient aussi que cette démarche s'inscrivait «dans le contexte de leur stratégie à deux voies», consistant à offrir une large coopération à l'Iran s'il suspend son enrichissement d'uranium et à accentuer les sanctions s'il s'y refuse.

Dans son communiqué, le Conseil suprême iranien critique cette position. L'Iran «considère des expressions telles que la "stratégie à deux voies" comme étant contre le respect mutuel et le dialogue dans une atmosphère équitable».

Il qualifie même cette expression d'«insulte» qui contredit l'intérêt exprimé par les Six pour le dialogue.

Ces positions «rappellent l'approche qui essayait d'user du langage de la force et de la menace au lieu du respect mutuel entre les nations», ajoute le Conseil, affirmant que cette approche «a prouvé son inefficacité».

De nombreux pays craignent que l'Iran puisse détourner son programme atomique à des fins militaires, alors que Téhéran a démenti que telle soit son intention.

Les inquiétudes des Occidentaux sont alimentées notamment par l'incapacité dans laquelle se trouve l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), après presque sept ans d'enquête, de certifier la nature exclusivement pacifique du programme.

Les Six ont «reconnu» le 8 avril le droit de l'Iran à un programme nucléaire civil, mais en ajoutant qu'«avec celui-ci vient la responsabilité de restaurer la confiance dans la nature exclusivement pacifique de ses activités nucléaires».

Le chef de l'AIEA Mohamed ElBaradei s'était déclaré lundi «très optimiste» sur le dossier nucléaire iranien, après les gestes récents d'ouverture de Téhéran et de Washington sous la présidence de Barack Obama.

M. ElBaradei s'était notamment dit «extrêmement content du changement de politique des Etats-Unis, qui abandonnent la confrontation pour le dialogue et le respect mutuel», tout en affirmant avoir dit à ses «collègues iraniens qu'il devait y avoir réciprocité et qu'ils devaient tendre la main».

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré lundi «accueillir positivement» la nouvelle politique américaine, disant attendre des «changements concrets».