L'armée irakienne a affirmé vendredi que l'attentat commis la veille sur la grande base militaire de Habbaniya, qu'elle a attribué à Al-Qaeda, ne ferait pas dérailler le processus de retrait des forces américaines des villes, prévu fin juin.

«Al-Qaeda tente de reprendre la main après les revers qu'il a subis mais nous ne le laisserons pas faire. Nos forces traqueront ses membres, attaqueront leurs bases car il s'agit d'une bataille décisive», a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'armée irakienne, le général Mohammad Askari, au lendemain de l'explosion qui a, selon un bilan officiel, blessé 38 militaires.

Selon lui, cette organisation mène des «attaques terroristes pour prouver qu'elle existe toujours et remonter son moral (...) mais cela n'affectera pas le plan de retrait (américain) des villes car la majorité des opérations sont menées par nos forces et c'est nous qui contrôlons le terrain.»

Selon l'accord de sécurité signé en novembre entre Bagdad et Washington, les soldats américains doivent se retirer dans dix semaines des villes et quitter le pays d'ici fin 2011.

Or l'Irak connaît depuis plusieurs semaines un regain de violences sanglantes après plusieurs mois de baisse progressive des attentats.

Au moins trois personnes ont été tuées vendredi et huit blessées par la chute de trois obus de mortier sur des maisons au sud de Bagdad, ont indiqué des sources du ministère de l'Intérieur et de la Défense. On ignorait dans l'immédiat l'origine des tirs.

De son côté, le général Askari a reconnu «des négligences» dans le système de sécurité du camp de Habbaniya et répété qu'une enquête avait été ouverte pour déterminer les responsabilités.

«C'est une très grande base où il y a des unités irakiennes, des forces américaines, des compagnies privées de sécurité, des policiers, et donc personne ne sait qui est qui», a expliqué à l'AFP Ali Abdel Hussein, sur son lit d'hopital où il est soigné pour des blessures à la jambe et aux bras.

Trois des blessés ont confirmé que le kamikaze portait un uniforme militaire.

Des bilans différents ont été donnés à la suite de l'attaque. Des sources non officielles aux ministères de la Défense et de l'Intérieur avaient d'abord fait état de 16 militaires tués et une cinquantaine d'autres blessés.

Le ministère de la Défense a ensuite affirmé que l'attentat n'avait pas fait de morts, mais qu'il avait blessé 38 soldats.

Vendredi, aucun des soldats alités interrogés par l'AFP n'a fait état de camarades morts. En outre, un médecin de l'hôpital civil de Ramadi a affirmé «avoir accueilli jeudi 28 blessés. Il en reste aujourd'hui six chez nous et onze ont été transférés à l'hôpital de Habbaniyah».

Le général Askari a assuré que l'armée ne cherchait pas à dissimuler le vrai bilan en soulignant que chaque guerre fait des victimes. «Nous n'avons aucune raison de cacher des détails ou des informations sur les victimes car c'est une guerre contre Al-Qaeda».

«Malheureusement, certains médias ne s'appuient pas sur des sources d'information responsables», a-t-il ajouté.

Jeudi, les journalistes de l'AFP n'avaient pu s'approcher ni du camp, ni de l'hôpital.

Situé dans la province d'Al-Anbar, le camp de Habbaniya, construit dans les années 1920 par les Britanniques, est un des plus anciens du pays. L'armée américaine y est également présente mais sur une position éloignée.