Des milliers de partisans du leader radical chiite Moqtada Sadr ont manifesté jeudi sous une pluie battante à Bagdad pour réclamer la fin de l'«occupation américaine» à l'occasion du 6e anniversaire de la chute du régime de Saddam Hussein.

Tôt dans la matinée, une foule de jeunes Irakiens, brandissant des drapeaux de l'Irak et des portraits de Moqtada Sadr ont afflué vers la place Fardous, où il y a six ans les télévisions du monde entier diffusaient les images de la statue de Saddam Hussein mise à bas par les Irakiens avec l'aide de soldats américains.

Les partisans de Moqtada Sadr, bête noire des Américains, sont venus en car de toute l'Irak, en majorité des provinces chiites du sud et des quartiers défavorisés de Bagdad.

Une masse enthousiaste de jeunes aux sandales salies par la boue écoute cheikh Hazem al-Aaraji, un des chefs du mouvement Sadr, à la tribune.

«Tous ceux qui sont contre l'occupation devraient participer à ce rassemblement», lance-t-il.

Dans un communiqué lu par un porte-parole, Moqtada Sadr, qui serait réfugié en Iran, appelle le président américain Barack Obama, qui a effectué une visite surprise mardi à Bagdad, à «soutenir le peuple irakien et travailler à un départ» des troupes américaines.

«J'appelle les manifestants à serrer la main de leurs frères des forces de sécurité», ajoute Moqtada Sadr, près d'un an après les féroces combats qui avaient opposés sa milice, l'Armée du Mahdi, aux forces régulières irakiennes.

Une marionnette de plus de 2 mètres de haut, avec un double visage façon Janus - George W. Bush d'un côté et Saddam Hussein de l'autre -, est incendiée alors qu'un drapeau américain étendu sur le sol est piétiné par les manifestants.

Tout autour de la place, les «T-walls» - ces murs en béton protégeant des explosions - sont couverts d'affiches. D'autres, plus grandes, ont été suspendues aux immeubles alentour. Elles montrent des enfants prisonniers derrière des barbelés et les mots «Made in USA», ou un soldat américain détruisant à la massue un mur de briques symbolisant l'Irak.

Abou Ali, un fonctionnaire de 42 ans venu de Nassiriyah (sud), espère que le président Obama «va tenir sa promesse et retirer ses troupes d'Irak» d'ici la fin 2011. «Il est temps pour nous de récupérer notre souveraineté», dit-il.

«Le 9 avril est une journée noire car c'est certes la chute de Saddam Hussein, mais c'est le passage à l'occupation, ce qui est pire que la dictature», ajoute-t-il.

Parmi les manifestants, le mot d'ordre de Moqtada Sadr a bien été retenu.

«Je suis arrivé de Kout avec 500 autres pour manifester contre l'occupation, exiger le retrait des troupes américaines et appeler à l'unité du peuple irakien», résume Raad Saghir, un Irakien de 28 ans.

Issu d'une lignée de dignitaires religieux, Moqtada Sadr a toujours été opposé à la présence de troupes étrangères dans son pays. Ses partisans ont affronté à plusieurs reprises les soldats américains dans la ville sainte de Najaf, au sud de la capitale, à Bassorah (sud) et dans son fief de Sadr City, un quartier pauvre du nord-est de Bagdad.

Le régime de Saddam Hussein qui dirigeait le pays depuis 1979, a été renversé dans la foulée de l'entrée des troupes américaines dans Bagdad le 9 avril 2003, après l'invasion de l'Irak le 20 mars.

Il a été pendu le 30 décembre 2006, après avoir été condamné à mort un mois plus tôt pour le massacre de 148 villageois chiites en représailles à une attaque contre le convoi présidentiel en juillet 1982.