Blotti dans les bras de sa mère tuée mardi dans un attentat à la voiture piégée dans un quartier chiite de Bagdad, l'enfant miraculé sourit aux photographes alors que son père grièvement brûlé lutte à l'hôpital contre la mort.

«Nous l'avons trouvé dans les bras de sa mère dans une voiture qui avait pris feu à cause de l'explosion», raconte à l'AFP Sadiq al-Maliki, un mécanicien de 36 ans, qui a participé aux secours.

Mardi vers midi, un attentat a ensanglanté le quartier historique de Kazamiyah, dans le nord de la ville, tuant huit personnes et en blessant 20. La voiture familiale passait dans la rue An-Naouab, qui mène au fameux mausolée Kazem, quand s'est produite la terrible explosion.

Le bébé, un garçon, «était maculé du sang de sa mère et son petit corps était recouvert d'éclat de vitres. Nous l'avons sorti de la voiture et nous avons éteint les flammes qui consumaient les vêtements de son père», ajoute Sadiq al-Maliki.

Personne ne connaît le nom de ses parents car leurs papiers d'identité ont brûlé. «La police nous a confié le nourrisson et nous allons en prendre soin jusqu'à ce que l'on retrouve des proches», assure Raad Sabih Ghazal, qui a décidé avec sa femme de s'occuper de l'enfant.

La voiture est en grande partie calcinée, mais le journaliste de l'AFP a pu voir le landau couvert de cendres alors que ses habits et un biberon sont éparpillés sur le plancher du véhicule.

«Nous lui avons acheté un nouveau biberon et nous l'avons nourri et depuis il sourit et ne semble pas étonné», assure ce quinquagénaire dans sa maison, situé dans une ruelle à 20 mètres du lieu de l'attentat.

Cet attentat intervient au lendemain d'une série d'attaque à la voiture piégée qui a fait 34 morts et près de 130 blessés dans des quartiers à majorité chiite, rappelant les pires heures des violences en 2006 et 2007.

«Quand j'ai entendu l'explosion je me suis précipité et j'ai brisé les portes de trois voitures pour extraire les blessés qui ne pouvaient pas sortir des carcasses brûlantes», assure Sadiq al-Maliki.

«Vous savez, j'ai acquis une certaine expérience en la matière», ajoute cet homme qui affirme avoir participé aux secours dans 12 attentats en quatre ans.

«Je laisse les morts et j'essaie de sauver les blessés en les éloignant du feu et en leur prodiguant les premiers secours», explique-t-il, les habits couverts de sang.

Fermée durant deux ans à cause des attentats, la rue An-Naouab a été rouverte à la circulation il y a deux mois en raison de l'amélioration de la situation.

«Ces attaques visent à détériorer la sécurité restaurée péniblement. Je pense que les explosions d'hier et d'aujourd'hui coïncident avec l'anniversaire de la fondation du parti Baas, car ses membres rêvent de revenir au pouvoir», assure le sauveteur.

La Baas a été fondé le 7 avril 1947 à Damas. Il est interdit en Irak depuis l'invasion conduite par les Américains en 2003 qui a conduit à la chute du régime de l'ancien dictateur Saddam Hussein. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a imputé les attentats de lundi à des «adeptes» du Baas, qui ont agi selon lui «en accord» avec Al-Qaïda en Irak.

Pour sa part, l'armée américaine a fait endosser la responsabilité de cette série d'attentat à l'organisation extrémiste.