Le parlement israélien s'est réuni mardi pour voter l'investiture du gouvernement de Benjamin Netanyahu dont l'ancrage très à droite suscite l'inquiétude pour la poursuite du processus de paix avec les Palestiniens.

Ce gouvernement de coalition, qui compte trente ministres, dont M. Netanyahu, est le plus pléthorique dans l'histoire d'Israël. Il s'appuie sur une assise parlementaire de 69 députés sur les 120 de la Knesset.

Fortement dominé par les partis de droite et l'extrême droite, ce cabinet suscite l'inquiétude pour la poursuite du processus de paix avec les Palestiniens, M. Netanyahu étant opposé à un État palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dont la création est soutenue par les États-Unis et l'Europe.

Ce cabinet comprend notamment, au poste clé des Affaires étrangères, l'utlranationaliste Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beiteinou qui s'est illustré par des déclarations anti-arabes et des critiques acerbes contre le président égyptien Hosni Moubarak.

La coalition de M. Nentanyahu réunit, outre son parti le Likoud (27 députés), Israël Beiteinou (extrême droite nationaliste - 15), les Travaillistes (gauche - 13), le Shass (orthodoxe sépharade - 11) et le Foyer Juif (colons - 3), sur 120 députés à la Knesset.

Epaulé par les Travaillistes, M. Netanyahu espère donner à cette majorité une coloration modérée.

La séance, en présence du chef de l'État Shimon Peres, a été ouverte par une allocution du premier ministre sortant Ehud Olmert, poussé à la démission après avoir été mis en cause dans une série d'affaires de corruption.

«Le fait que mon gouvernement ait soutenu l'idée des deux États pour deux peuples (les Israéliens et les Palestiniens) nous a permis d'obtenir une marge de manoeuvre et un soutien dans le monde à nos opérations militaires au Liban et à Gaza», a-t-il dit.

M. Netanyahu récuse un gel de la colonisation juive en Cisjordanie et la création d'un État palestinien, au coeur des efforts de paix depuis des années.

«L'Autorité palestinienne exige du nouveau gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu une reconnaissance claire du principe d'un règlement basé sur deux États», a déclaré à l'AFP Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas

«Toute autre position équivoque sera inacceptable et nous ne traiterons pas avec un gouvernement israélien qui ne s'engage pas à geler la colonisation et ne respecte pas la légitimité internationale», a-t-il ajouté.

M. Netanyahu s'est efforcé de satisfaire aux appétits de ses divers partenaires et il a fallu considérablement rallonger la table du gouvernement ainsi que ses bancs à la Knesset.

Il a réussi mardi à convaincre Sylvan Shalom, un baron Likoud, d'accepter un poste de ministre du Développement régional ainsi qu'un titre de premier ministre adjoint au sein de son cabinet.

Selon le protocole, M. Netanyahu et Mme Tzipi Livni, la chef du parti centriste Kadima et chef de l'opposition, s'exprimeront successivement après M. Olmert.

La cérémonie de prestation de serment des ministres risque donc de se dérouler tard en soirée, avant la séance de photo officielle prévue à la présidence aux côtés de M. Peres.

«Bonjour MM. les ministres, qui n'ont rien à gérer», s'est gaussé à la radio publique Yaron Dekel, expert des affaires politiques, en allusion à la pléthore de portefeuilles sans contenu.

Les médias soulignent que cette gabegie survient alors qu'Israël est confronté à une grave crise économique, et notent que le ministre désigné des Finances, Youval Steinitz, fidèle de M. Netanyahu et docteur en philosophie, n'est pas vraiment un expert des questions économiques.